Chantier de Notre-Dame : la Cour des comptes salue "une restauration menée à bon terme et pour un coût maîtrisé", mais s'inquiète "du risque sanitaire" lié à l'emploi du plomb

Près de neuf mois après la réouverture de la cathédrale parisienne, la Cour des comptes rend un troisième rapport, très positif, sur la gestion des moyens financiers alloués à la restauration du monument.

Article rédigé par franceinfo
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La cathédrale Notre-Dame de Paris, le 8 août 2025. (IMAGEBROKER/EGON BOMSCH / IMAGEBROKER.COM/ MAXPPP)
La cathédrale Notre-Dame de Paris, le 8 août 2025. (IMAGEBROKER/EGON BOMSCH / IMAGEBROKER.COM/ MAXPPP)

"Une restauration menée à bon terme, dans des délais exigeants et pour un coût maîtrisé", salue la Cour des comptes dans le 3e rapport publié mercredi 3 septembre sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame et que franceinfo et France Inter ont pu consulter.

Le budget et un calendrier maîtrisés, c'est l'enseignement principal de ce rapport portant sur "le contrôle du chantier de conservation et de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris consécutif à l’incendie du 15 avril 2019". Les deux premiers rapports ont été publiés en 2020 et 2022.

"Le respect du budget doit être souligné"

Le rapport, très positif, pointe notamment l'efficacité de l'établissement public créé pour l'occasion juste après l'incendie, et la "générosité" des donateurs privés, qui ont assuré un budget confortable à ce chantier pharaonique dont la deuxième phase, celle devant assurer la réouverture de la cathédrale, s'est achevée en décembre dernier. Le respect de ce calendrier "très resserré a été rendu possible par la mobilisation des équipes de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris et des entreprises", se félicitent les Sages. Ils saluent d'emblée la création rapide et efficace d'un établissement public, présidé par le général Georgelin puis, après son décès en août 2023, par Philippe Jost.

"Le respect du budget de la phase de restauration liée à l’incendie doit être souligné", ajoutent les auteurs de ce rapport. "Il résulte d’un suivi rigoureux par la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, avec une forte implication du comité d’audit et une attention soutenue des fondations".

Le rapport salue la "générosité" des donateurs, 843 millions d'euros, dont un peu plus de 700 millions ont été affectés aux deux premières phases des travaux, 140 millions restent donc disponibles pour la troisième, soit la rénovation des extérieurs de la cathédrale, qui devrait durer plusieurs années encore. Seuls les fonds collectés grâce aux dons des grands mécènes et des entreprises seront utilisés. Avec ce budget maîtrisé et un calendrier tenu, la Cour des comptes demande désormais des avancées dans la création d'un musée de l'Oeuvre à l'Hôtel-Dieu, réunissant des chefs-d’œuvre de Notre-Dame, annoncé en 2023 par Emmanuel Macron, mais dont le projet est aujourd'hui suspendu.

Un "mais" quant au risque sanitaire

Le rapport qui livre un satisfecit global à la mise en œuvre de ce chantier titanesque, pointe néanmoins le budget de fonctionnement de Notre-Dame qui a doublé depuis sa réouverture, principalement dû à l’accroissement des dépenses de sûreté liée à l'affluence et aux records de fréquentation. Elles représentent aujourd'hui 5,2 millions d'euros, par an dont 3,2 millions d'euros à la charge du diocèse de Paris et 2 millions d'euros pour l’État.

Par ailleurs, nuancent encore les Sages, "ce chantier a mis en évidence l’absence persistante de toute réglementation propre à la présence et l’emploi du plomb dans la restauration des monuments historiques". Même si "l’Union européenne a confirmé l’emploi du plomb pour les travaux de restauration, une réglementation nationale devrait prendre en compte le risque sanitaire en fonction de la nature et de l’usage des bâtiments", estime la Cour des comptes.

La toiture de Notre-Dame, restaurée à l'identique, a été recouverte de 2 000 plaques de plomb, soit plus d'une centaine de tonnes de plomb selon la Cour des comptes. La France suit donc les décisions européennes sans évaluer l'exposition au risque ni le surcoût que cela engendre, regrette le rapport. Cette recommandation a été martelée par les Sages à plusieurs reprises. Un système de recueil et de filtration des eaux de pluie qui ruissellent sur la toiture de Notre-Dame a bien été prévu, mais il ne convainc toujours pas les associations. Lors des travaux de restaurations, 21 kilos de plombs seraient ainsi rejetés par an, selon les écologistes.

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