Syrie : la vidéo de la destruction d'une statue à Alep provoque un tollé

La "statue des Martyrs", réalisée par le sculpteur syrien Abdel Rahmane Mouakkat, était emblématique de la grande ville du nord du pays.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Cette vue aérienne montre la citadelle d'Alep et ses environs après l'entrée des djihadistes et de leurs alliés dans la ville du nord de la Syrie, le 30 novembre 2024. (MOHAMMED AL-RIFAI / AFP)
Cette vue aérienne montre la citadelle d'Alep et ses environs après l'entrée des djihadistes et de leurs alliés dans la ville du nord de la Syrie, le 30 novembre 2024. (MOHAMMED AL-RIFAI / AFP)

Une vidéo montrant la destruction d'une statue emblématique du centre d'Alep a suscité jeudi 3 juillet une vive polémique sur les réseaux sociaux, les autorités islamistes syriennes affirmant qu'il s'agissait d'une "erreur" survenue lors du transport de l'œuvre vers un musée.

Sur les images filmées de nuit et massivement relayées en ligne, on voit une grue mobile tirer avec un câble métallique la statue des Martyrs, représentés dévêtus, avant que sa partie supérieure ne se brise et s'effondre au sol.

Sur Facebook, la militante syrienne Nisan Babelli a dénoncé un acte de "vandalisme et une atteinte flagrante à la mémoire et à l'identité de la ville, une insulte aux désirs de ses habitants, qui avaient refusé à plusieurs reprises tout déplacement ou modification de la statue". Érigée en 1985 par le sculpteur syrien Abdel Rahmane Mouakkat, cette statue en pierre jaune était emblématique de la grande ville du nord du pays.

Dans un message publié sur X, le gouverneur d'Alep, Azzam al-Gharib, a affirmé qu'une "erreur" était survenue lors du déplacement de la statue, niant toute "motivation idéologique" derrière la décision. Il a précisé que la statue devait être transférée dans un musée "dans le cadre d'un projet visant à réhabiliter la place et en faire un espace culturel dynamique".

Un air de déjà-vu

Après la chute du pouvoir de Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste en décembre 2024, de nombreuses statues de son père, Hafez, avaient été déboulonnées. Les islamistes radicaux interdisent les statues, assimilées à l'idolâtrie. Lors de son règne de terreur dans certaines zones en Syrie et en Irak entre 2014 et 2019, le groupe jihadiste État islamique avait détruit plusieurs statues.

Azzam al-Gharib a qualifié l'incident d'"inacceptable" et assuré que "l'entière responsabilité serait imputée à la partie exécutante, qui n'a pas respecté les normes techniques et structurelles convenues". Selon lui, cette décision répondait également à des demandes de certains habitants, qui associaient la statue à "une période douloureuse de l'histoire de la ville, marquée par des événements et des pratiques du régime déchu entre 1982 et 1984".

"Ce n'est pas qu'une pierre qu'on détruit aujourd'hui, mais une partie de notre mémoire collective", a dénoncé un internaute sur Facebook.

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