"Bistronomia" une délicieuse série trois étoiles à déguster sur France.tv
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Plongée dans les rudes coulisses de la restauration, cette chronique sociale et culinaire raconte la révolution des assiettes que fut la bistronomie au travers de l'amitié de trois jeunes passionnés, au mitan des années 2000. Un régal de série.
Un trio de vingtenaires fous de food joués par trois excellents acteurs presque inconnus qui ne le resteront pas longtemps, une mise en scène nerveuse qui lorgne sur la série à succès américaine The Bear, de l'effervescence, de la souffrance, du suspense et une bande originale actuelle aux petits oignons : Bistronomia, la nouvelle série à savourer sur France.tv, a bien des atouts.
Mais d'abord, qu'est-ce que la bistronomie, ce courant culinaire dont il est question dans la série ? Rembobinons. Il y a une trentaine d'années, au milieu des années 1990, le chef Yves Camdeborde, originaire du sud-ouest et formé dans les cuisines de palaces (Ritz, Tour d'argent, Crillon), réinventait la gastronomie dans son établissement parisien La Régalade. Il y servait une cuisine inventive et gourmande, mais aux additions sages, dans un cadre simple et une ambiance chaleureuse.
À sa suite émergeait une nouvelle génération de chefs, comme Iñaki Aizpitarte au Chateaubriand, qui renversaient la table, faisant exploser leur créativité en s'émancipant de la cuisine à papa devenue compassée, ennuyeuse et réservée à une élite. En parallèle, au début des années 2000, de jeunes journalistes culinaires, Alexandre Cammas à leur tête, rendaient compte de ce mouvement enthousiasmant en créant le guide du Fooding, qui se posait en alternative décalée au guide Michelin et sa piste aux étoiles (le Michelin a depuis racheté le guide du Fooding en 2020).
Revenons à la série, qui se déroule en 2005. Johanna (Yowa-Angélys Tshikaya) est, au début du récit, cheffe de partie dans un deux-étoiles parisien, Le Régent. Originaire de Clichy-sous-bois, la jeune métisse, déjà endurcie, y est confrontée au sexisme, au racisme et à la violence en cuisine.
Au Régent, elle se lie avec Amandine (Louise Labèque), serveuse en stage après avoir abandonné ses études de droit. Fille d'un chef étoilé qui la sous-estime, elle subit dans le restaurant du harcèlement sexuel décomplexé. Quant à Vivian (Édouard Sulpice), il vivote en faisant serveur dans un bistrot et pige en parallèle pour un guide gastronomique établi, tout en s'essayant à un style de critique culinaire plus libéré sur les premiers blogs.
Les cuisines d'hier vues avec les lunettes actuelles post-#MeToo
Réunis par leur passion pour la bonne chère, les trois amis rêvent d'ouvrir leur propre restaurant. Le trio aspire à briser les carcans de cette cuisine patriarcale intimidante que seuls les CSP+ peuvent s'offrir. Ils imaginent un restaurant accessible et sans chichis, proposant des plats audacieux, réalisés avec des produits simples et de saison.
Bien qu'il gravite déjà dans le milieu de la restauration, le trio s'engage sur un chemin semé d'embûches. Amandine, Johanna et Vivian vont devoir notamment convaincre un investisseur, innover avec beaucoup d'idées et peu de moyens, sans se mettre à dos la critique gastronomique, et ne pas craquer quand l'impulsivité prend le pas ou que le corps lâche.
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L'implication d'Alexandre Cammas, qui, avec Marine Bidaud, a offert l'idée originale de cette série sur un plateau, et d'Yves Camdeborde, qui a œuvré comme consultant jusque sur le tournage, apportent à cette série une appréciable authenticité. Même les seconds rôles, qui frôlent parfois la caricature, sonnent juste.
Cependant, l'idée que deux jeunes femmes, celles qui se trouvent au cœur de la série, aient pu percer à l'époque dans l'univers masculin impitoyable des casseroles, est peu vraisemblable. #MeToo est passé par là, et la créatrice de la série, Marie-Sophie Chambon, a visiblement fait le choix de questionner le passé avec les yeux du présent – si le regard a évolué et que nombre de talentueuses cheffes ont émergé ces dernières années, les choses ont-elles d'ailleurs vraiment changé aux fourneaux ?
Dans le viseur : la violence, le sexisme et le harcèlement en cuisine, dénoncés avec force et sans ambages dans Bistronomia. Sans oublier la drogue pour tenir le choc, le stress du service et la quête de l'étoile supplémentaire qui rend zinzin. Heureusement, tout ce que les coulisses de la gastronomie charrient de sombre est compensé ici par la luminosité de l'amitié. Qui finira par triompher.
Série "Bistronomia" créée par Marie-Sophie Chambon d'après une idée originale d'Alexandre Cammas et Marine Bidaud. Avec Yowa-Angélys Tshikaya, Louise Labèque, Édouard Sulpice, Jean-Hugues Anglade, Thomas VDB, Olivia Côte et Nicolas Briançon. Neuf épisodes de 26 minutes chacun environ à voir dès à présent sur France.tv Slash
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