Des bénévoles sauvent la convention "Game Of Thrones" à Carcassonne
La convention "Game Of Thrones", qui devait se tenir à la cité de Carcassonne ce week-end, a finalement eu lieu dans une version allégée, sans acteur mais grâce à l’implication de nombreux bénévoles.
"Faisons en sorte que notre plaisir ne soit pas gâché parce que quelque chose de foireux nous a échappé", lâche Bruno Calvet, le directeur adjoint de la MJC de Carcassonne (Aude). Ce "quelque chose", c’est la convention Game of Thrones qui devait se tenir ce week-end dans la cité médiévale de la ville, à l’initiative de l’association As an Event.
"Foireux", parce que As an Avent s’est déclarée en cessation de paiement 48 heures avant le début de l’événement. Une annonce en forme de coup de massue pour les associations locales qui travaillent bénévolement sur le projet depuis des mois.
A la MJC, ils sont une trentaine à trimer sur des machines à coudre tous les week-end depuis février pour créer vingt costumes destinés au personnel qui devait encadrer la convention. Une première pour ces jeunes, plus habitués aux jeux de rôle qu’à des ateliers couture.
Les autres déçus, ce sont évidemment les fans. Ceux qui ont déboursé des centaines, voire des milliers d’euros afin d’assister à cette convention présentée comme une première en Europe. C’est pour eux que la MJC et les cinq associations locales impliquées dans le projet ont décidé de maintenir quelques-unes des animations initialement prévues.
"On ne laisse pas tomber les gens qui ont payé", justifie Cécile, membre de La Guilde du fantastique, une association perpignanaise spécialisée dans les jeux de rôle. Le village médiéval tel qu’il avait été imaginé n’est pas au rendez-vous, mais quelques tentes ont été érigées ce samedi dans les douves du château Comtal, au cœur de la cité de Carcassonne.
En dépit d'une tramontane peu clémente (décidément), des dizaines de bénévoles, tous costumés, ont décidé de jouer le jeu et d’assurer le spectacle toute la journée. Les ateliers de calligraphie ou de broderie sont tous animés par des passionnés d’histoire médiévale, qui ne sont pas forcément fans de la série elle-même. Le "chevalier Arnaud de Villeneuve", 60 ans, confie même avoir appris l’existence de Game of Thrones la semaine dernière. "On n’a pas Canal+ et pas internet, se justifie-t-il. Mais on est là pour aller contre la force du destin." Un leitmotiv que l’on retrouve chez chacun des bénévoles.
A quelques pas, "Durfort" assemble patiemment des anneaux en fer en expliquant aux badauds intrigués les différentes techniques de fabrication des cottes de mailles. Avec une mère guide touristique, le jeune homme avoue être "tombé dans le médiéval tout petit". Fan absolu de Tolkien plus que de George R. R. Martin, l’auteur des romans qui ont inspirés la série Game of Thrones, "Durfort" joue avec les anneaux comme d’autres font du crochet et brandit fièrement une cotte de maille complète (17 kilos de fer) qui lui a demandé plus de 200 heures de travail.
Derrière lui, on se bouscule pour enfiler ces lourdes tenues pour des démonstrations d’escrime médiévale. Un spectacle qui fait le bonheur des visiteurs de la cité venus par hasard ce samedi 15 mars, ravis par ces animations insolites. Quant aux acheteurs de pass pour la convention (ils seraient environ 800), peu semblent finalement avoir fait le déplacement après avoir appris l'annulation de l’événement.
Ancienne organisatrice des fêtes médiévales d’Aigues-Mortes (Gard), Guillaumette avoue qu’elle ne savait pas ce qu’était une convention avant d’avoir entendu parler du projet "Winter is Coming Con" sur Facebook. Passionnée par la série depuis quatre ans, elle a finalement craqué, en privilégiant l’événement à ses prochaines vacances. Un sacrifice qui lui semblait valoir le coup à l’époque, après que tout le monde l'a rassuré sur son investissement, Jennifer Colazo, l’initiatrice du projet, y compris.
Samedi soir, Guillaumette a initié les autres bénévoles et les déçus comme elle aux danses de la Renaissance. Lundi, elle se réserve le droit d’intenter une action en justice contre la société qui lui a extorqué 700 euros. C’est elle qui a suggéré l’idée de créer la page Facebook Remboursez-nous Winter is not Coming. "J’attends les conseils d’un avocat" confie-t-elle, déterminée à ne pas laisser impunie celle qu’elle estime responsable de ce désastre.
A Carcassonne, tous ceux qui ont approché Jennifer Colazo, la présidente de l’association As an Event, aujourd’hui en cessation de paiement, en sont convaincus : ils n’ont pas été arnaqués, mais bel et bien victime de l’entêtement d’une personne plus incompétente que malintentionnée.
Bruno Calvet en est sûr : "C’est peut-être une vraie comédienne, mais je n’ai pas l‘image d’une escroc.""Elle aurait été mieux sapée" ajoute-t-il avec un brin de malice. Celle qui se présentait comme "organisatrice de grands mariages" aurait juste été victime de sa méconnaissance de la gestion financière et administrative d’un projet d’une telle envergure. Un amateurisme évident qui avait semé le doute dans l’esprit de certains.
Pour eux, le constat est clair : "Ce sont des amateurs qui ont voulu jouer dans la cour des grands". La déception est d’autant plus importante pour Dimitri. Sa mère lui avait confectionné le costume de Robb Stark, son héros préféré dans la série. Mais de peur de se retrouver seul déguisé après l’annulation, il l’a laissé à Lille. "Ça ne rentrait pas dans ma petite valise. Pour prendre l’avion, c’était soit le costume, soit mes fringues normales." Ce samedi, dans les ruelles de la cité médiévale classées au patrimoine mondial de l'Unesco, on croisait pourtant des Stark, des membres de la Garde de nuit ou encore Khal Drogo.
Mais comme le disait feu Robb Stark, "J’ai gagné chaque bataille. Mais je suis en train de perdre cette guerre." Une lucidité qui aura manqué à tous les protagonistes de cet épisode en pays cathare.
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