"Kaboul" : une série dans les coulisses d'une évacuation à haut risque après la prise de la capitale afghane par les talibans

Les spectateurs pourront comprendre avec "Kaboul" les conséquences humaines, militaires et diplomatiques de l'offensive des talibans, en août 2021, au terme de deux décennies de présence occidentale en Afghanistan.

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Le comédien belge Jonathan Zaccaï dans une scène de la série "Kaboul". (DOMNIKI MITROPOULOU / CINETEVE / 24 25 FILMS / FRANCE TELEVISIONS)
Le comédien belge Jonathan Zaccaï dans une scène de la série "Kaboul". (DOMNIKI MITROPOULOU / CINETEVE / 24 25 FILMS / FRANCE TELEVISIONS)

De l'action, de l'émotion et de la géopolitique. Kaboul, à découvrir à partir du 24 mars sur France Télévisions, est une série au cœur du chaos qui a prévalu dans la capitale afghane, à partir du 15 août 2021, quand les talibans se sont emparés de la ville, prenant au dépourvu aussi bien leurs compatriotes que les Occidentaux. Les accords de Doha, signés en février 2020 entre les talibans et l'administration Trump prévoyaient un retrait progressif après deux décennies d'occupation dans le cadre de la lutte menée contre le terrorisme islamique en représailles aux attentats du 11-Septembre. L'opération sera moins sereine que prévue.

Au centre de l'intrigue de la série en six épisodes, la famille Nazany. Elle doit se résoudre à quitter l'Afghanistan : Zahara (Darina Al Joundi), la mère de famille qui est procureure, est devenue l'ennemie jurée des talibans qu'elle a souvent fait condamner. Les chemins de son époux Baqir (Vassilis Koukalani) et de ses enfants – Fazal (Shervin Alenabi), soldat dans l'armée afghane, et Amina (Hannah Abdoh), médecin – vont croiser ceux de Gilles (Jonathan Zaccaï du fameux Bureau des légendes), en charge de la sécurité de l'ambassade de France, d'un agent de la CIA (Eric Dane vu dans Grey's Anatomy) ou encore d'une officier allemande (Jeanne Goursaud).

Les ultimes opérations d'évacuation, menées par les forces alliées et chapeautées par les Américains, vont obliger Gilles, tout comme Giovanni (Gianmarco Saurino), propulsé consul d'Italie, à prendre des décisions sans appel. La vie de centaines de civils est en jeu, aussi bien celle de leurs ressortissants que de tous les Afghans à qui la France, l'Italie et les Européens ont promis protection en octroyant des visas.

Zahara et Baqir comptent parmi ceux qui ont des visas français. Ils finiront par trouver refuge dans l'ambassade de France qui a été la dernière à fermer ses portes à Kaboul. Les talibans rendent difficile l'accès à l'aéroport de la ville contrôlé par les Américains qui assurent la sécurité de tous dans le pays. Mais le site, devenu stratégique, est dans la ligne de mire du groupe terroriste Daech, alors que tous ceux qui espèrent quitter leur pays y convergent, souvent au péril de leur vie.

Galère internationale

Olivier Demangel et Thomas Finkielkraut, les créateurs de Kaboul, se sont inspirés de faits réels relatés notamment sur les chaînes du monde entier qui ont filmé l'ambiance de fin du monde qui régnait à l'aéroport de Kaboul en août 2021. Avec pédagogie et une montée progressive en puissance, la série rend bien compte de la complexité des enjeux géopolitiques d'une situation explosive pour les Occidentaux. Car il faut ménager la susceptibilité des nouveaux maîtres du pays. Il faut aussi négocier à chaque instant avec les Américains, y compris quand on veut des toilettes (la scène est d'anthologie), pour les Européens. Français et Italiens veulent protéger les civils dont ils ont la responsabilité, notamment les Afghans engagés à leurs côtés dans l'espoir d'en finir avec les talibans et leurs conceptions sociales archaïques.

La mise en scène adoptée par les réalisatrices Kasia Adamik et Olga Chajdas permet à la fois de suivre les parcours des différents groupes de protagonistes – civils, diplomates, talibans, militaires, agents secrets et terroristes – tout en prenant la mesure de leur communauté de destin au fil des épisodes. 

Un haletant décryptage

Si cela peut sonner comme une évidence, Kaboul met parfaitement en lumière cet attachement empreint de lucidité que les Afghans ont pour leur pays. Notamment celui des femmes afghanes qui n'ont aujourd'hui plus aucun droit sous le règne des talibans. Aux Nations unies, l'actrice américaine Meryl Streep soulignait que les animaux étaient aujourd'hui plus libres qu'elles.

Kaboul, dont le générique rappelle celui de la série d'espionnage Homeland qui avait consacré sa dernière saison à l'Afghanistan, tient ses promesses en termes de décryptage et de divertissement. Avec chacun des membres de la famille Nazany, le spectateur est embarqué dans un maelström d'émotions où culminent déchirement et résignation. Au contact des personnages occidentaux, le déchirement est aussi au rendez-vous, mais il est d'une autre nature, car nourri par leur culpabilité d'abandonner Afghanes et Afghans à leur sort.

Coproduction européenne servie par un superbe casting international, Kaboul est une série accessible et haletante. À la portée des néophytes, elle a également tout d'une grande pour les férus de séries géopolitiques. Kaboul est en compétition internationale au festival Séries Mania 2025 qui a démarré le 22 mars à Lille.

"Kaboul" créée par Olivier Demangel et Thomas Finkielkraut avec la collaboration de Joé Lavy
Réalisation Kasia Adamik et Olga Chajdas
Avec Jonathan Zaccaï, Vassilis Koukalani, Gianmarco Saurino, Darina Al Joundi, Shervin Alenabi, Hannah Abdoh, Jeanne Goursaud, Eric Dane,Thibaut Evrard
Disponible dès le lundi 24 mars en intégralité sur france.tv et diffusée lundi 31 mars à 21H10 sur France 2 (6x52 min)

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