La dernière création du chorégraphe Akram Khan lance le festival Montpellier Danse
Quatorze femmes mêlent leurs longs cheveux sur scène dans ce spectacle conjuguant culture indienne et contes du désert saoudien. Le chorégraphe fermera ensuite sa compagnie pour ouvrir un laboratoire.
"Il faut savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va. C'est l'une des motivations" de ce spectacle, explique le chorégraphe anglo-bengali Akram Khan, qui a ouvert dimanche 22 juin au soir la 45e édition du festival Montpellier Danse avec une nouvelle création, qui devrait être sa dernière.
Thikra, Night of Remembering [Thikra, Nuit du souvenir] est une commande de la Commission royale pour AlUla, associant la danse et les arts visuels, de l'artiste saoudienne Manal AlDowayan. Cette création prend ses racines au cœur de la plaine désertique d'AlUla, au nord-ouest de l'Arabie saoudite, immense site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, célèbre pour ses vestiges archéologiques.
Deux conteurs d'histoires
"Au-delà d'être une artiste visuelle et un chorégraphe, nous sommes tous les deux des conteurs d'histoires, explique Akram Khan à l'AFP. Nous sommes tous les deux fascinés par les mythes. AlUla est gorgé d'histoires, portées par tous les peuples qui y sont passés."
Dans la pénombre, en fond de scène, la silhouette d'un épais rocher, témoin du désert, se dessine. Sa couleur ocre est l'une des rares à éclaircir cette scénographie, sombre et brumeuse. Il ravive le souvenir d'une première version de Thikra, jouée en petit comité au cœur des ruines du désert d'AlUla, en janvier dernier.
Un matriarcat audacieux
Sur scène, 14 femmes, toutes dotées d'une longue chevelure brune, vibrent ensemble, au fil de figures chorégraphiques prônant la symbiose. D'abord puissante, leur gestuelle se fait plus douce. Les corps se courbent violemment avant de se balancer, tout en retenue. "Nous sommes sans cesse connectés à notre enfance", poursuit Akram Khan, dont la mère était une conteuse passionnée de mythologies.
"Pour comprendre notre avenir, pour l'envisager, il faut comprendre notre passé", précise-t-il. De cette chorégraphie transpire un audacieux matriarcat, conjuguant culture indienne et traditions du monde arabe. Les poignets fins et précieux des danseuses indiennes s'enroulent puis se déroulent délicatement, avant que des mouvements bruts n'agitent soudainement leurs corps. "Neuf des 14 danseuses sont issues de la danse classique indienne du sud. Les autres sont formées au contemporain et à d'autres styles de danse, détaille le chorégraphe. Ensemble, nous avons essayé de trouver une histoire à partager et à laquelle elles appartiennent toutes."
Danser avec ses cheveux
Omniprésents, les cheveux des femmes jouent, sur le plateau, un rôle prépondérant et inattendu. Les mèches sont agrippées, étirées. Lorsque les chevelures ne sont pas entremêlées entre les doigts des danseuses, elles virevoltent au gré de danses tournoyantes.
"Danser avec ses cheveux est un geste culturel, explique Manal AlDowayan. Dans le langage de l'Orient, les femmes utilisent leurs cheveux comme un marqueur de joie, de bonheur et de célébration, là où en Occident les cheveux sont associés à l'hystérie", explique l'artiste, citant la danse Al-Ayyala enracinée aux Émirats arabes unis reconnue par l'Unesco comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Après cette première représentation donnée au festival Montpellier Danse, Thikra, Night of Remembering entamera une tournée mondiale qui passera notamment, du 2 au 18 octobre, au Théâtre de la Ville de Paris.
Quant au danseur et chorégraphe, il s'apprête à tourner la page après vingt-sept ans de créations. Après la tournée, il fermera sa compagnie et ouvrira Akram Khan Labs, un "laboratoire et lieu d'héritage". "Nous ne sommes pas à la fin de l'histoire. Nous arrivons à l'issue d'un voyage et au début d'une nouvelle aventure", explique-t-il.
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