Les tranches de vie de Philippe Decouflé : le chorégraphe des JO d'Albertville dissèque le temps qui passe

Il a écrit ce spectacle présenté à Saint-Médard-en-Jalles, en Gironde, avec ses danseurs pour faire du sur-mesure.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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La première du dernier spectacle du danseur et chorégraphe Philippe Decouflé, "Entre-Temps", à la Scène nationale Carré-Colonnes de Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux, le 14 avril 2025. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)
La première du dernier spectacle du danseur et chorégraphe Philippe Decouflé, "Entre-Temps", à la Scène nationale Carré-Colonnes de Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux, le 14 avril 2025. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Du quotidien répétitif et ses accords monocordes aux déhanchés extatiques sur des airs entraînants : l'inclassable chorégraphe français Philippe Decouflé sonde notre rapport au temps qui passe dans un nouveau spectacle présenté, pour la première fois, de mardi 15 à jeudi 17 avril, près de Bordeaux.

Sur la Scène nationale Carré-Colonnes de Saint-Médard-en-Jalles (Gironde), les corps commencent par "se retrouver, se croiser et se décroiser" puis "dérapent et se mélangent" pour évoquer la marche, la routine journalière et le "sentiment de déjà-vu", explique Philippe Decouflé à l'AFP. Le chorégraphe, connu pour ses nombreuses créations contemporaines inventives et populaires, a créé Entre-Temps en concertation avec ses neuf danseurs, âgés de 38 à 72 ans, livrant des bribes de leur vie, sur et en dehors de la scène.

Du cinéma muet aux majorettes

"Chacun d'entre nous a un rythme différent et j'avais envie de confronter, un peu comme dans le film Fenêtre sur cour [d'Alfred Hitchcock], tous les points de vue, la vision de plein de tranches de vie en même temps", explique Philippe Decouflé.

Le spectateur navigue ainsi entre des évocations éclectiques allant du cinéma muet au ballet et à la revue de music-hall, en passant par le défilé de majorettes. Entre autres saynètes jubilatoires, teintées de folie douce, deux autres danseurs livrent à voix haute leurs découvertes marquantes, à l'adolescence, de danses bretonnes ou de la chanson La Isla Bonita de Madonna.

La danse n'a pas d'âge

Joie aussi de danser, à n'importe quel âge de la vie, comme en témoigne l'un des danseurs qui se demande si, "à 70 ans passés, c'est bientôt la retraite ?".
"Forcément, je ne peux pas danser comme je dansais à 20 ans. Et au lieu de me plaindre ou de dire 'C'était mieux avant', ce qui est intéressant, c'est de voir ce que ce corps raconte, de jouer avec et de ne pas être triste de vieillir", relate de son côté Dominique Boivin, qui avait collaboré avec Philippe Decouflé à ses débuts dans les années 1980.

"Cela parle des souvenirs de chacun, parce que ce sont des grands danseurs qui ont fait mille histoires", abonde Philippe Decouflé, qui a fait du "sur-mesure" avec la vie de sa troupe de danseurs. "Tout le monde a apporté sa pierre à l'édifice pendant deux ans, pour tirer les fils du passé". Pour un résultat "épuré", "sensible" et "pas du tout nostalgique".

Costumes recyclés et danseurs amateurs

Quitte à s'éloigner d'abord un peu des créations burlesques et colorées qui ont fait sa marque de fabrique. Ici, les éléments de décors sont réduits au strict minimum et récupérés sur d'anciens spectacles, tout comme les costumes "recyclés et transformés".

Le chorégraphe, qui avait révolutionné la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'Albertville en 1992, a également convié des danseurs amateurs "de tous les âges et de tous types de corps" à la fin de son spectacle, bercés par l'hymne disco I Will Survive de Gloria Gaynor, pour illustrer "le temps d'être ensemble". Le spectacle partira ensuite en tournée, à la Biennale de la danse, à Lyon, et à la Villette, à Paris, puis à Grenoble, Annecy, Antibes, Clermont-Ferrand, Caen et Luxembourg.

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