"J'avais besoin de faire un spectacle où l'on me connaît vraiment", confie l'humoriste Issa Doumbia
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Issa Doumbia, humoriste, comédien et à l'affiche du spectacle "Monsieur Doumbia", est l'invité culture du samedi 27 septembre. Avec sincérité et pudeur, il se livre à Isabelle Layer.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Comédien, humoriste et homme de télévision suivi par plus de 2 millions de personnes sur les réseaux sociaux, l'invité culture du samedi 27 septembre, Issa Doumbia, évoque son nouveau spectacle, Monsieur Doumbia.
Isabelle Layer : Vous vous mettez à nu comme sur l'affiche. Vous parlez de votre enfance, de vos parents, de votre vie au quartier à Trappes où vous avez grandi, des hauts et des bas de votre vie. Qu'est-ce qui vous a donné envie de parler autant de vous, personnellement ?
Issa Doumbia : Je pense que c'est l'évolution de la société. Aujourd'hui, on est affichés partout, à la télé, sur les réseaux, comme vous l'avez dit. Et les gens n'ont que cinq minutes de notre présence en télé, ou se font une image de nous à travers les réseaux sociaux. J'avais besoin de faire un spectacle où on me connaît vraiment, c'est-à-dire de savoir d'où je viens et ce que je suis devenu. Ce n'était pas si simple, justement, parce que j'ai grandi dans une famille où il y avait plein de soucis, que ce soit dans un cadre familial ou financier. Je veux montrer aussi qu'il faut se battre pour y arriver, donc j'ai tout mis dans ce spectacle-là. Je me mets à demi-nu, parce que j'ai quand même de la pudeur et c'est ce côté-là que je voulais montrer de moi.
Vous parlez de vos parents, notamment des difficultés financières, mais on découvre aussi des difficultés émotionnelles. Vos parents n'arrivent pas à vous dire "je t'aime".
Issa Doumbia : J'ai grandi dans une culture où le mot "je t'aime" et la dépression n'existent pas. C'est la culture de mes parents, qu'ils ont apportée ici. Je suis né ici, je suis le seul de ma famille à être né en France. Donc quelque part, il y a un déséquilibre pour moi parce que je vois avec tous mes copains comment eux évoluent, ce qu'ils ont chez eux et ce que mes parents me donnent. Pour moi, il y a un truc qui n'allait pas dans ma tête. Je me disais, mais je ne comprends pas, pourquoi ça ne fonctionne pas pareil ?
C'est difficile à vivre pour vous, ça ?
Issa Doumbia : Non, en vrai, pour moi, c'est normal. Mais justement, ça m'a nourri de me dire, 'moi, mes parents m'apportent ça', parce qu'ils m'ont apporté beaucoup plus de choses que les autres n'avaient pas. Par exemple, mon père m'a toujours appris à être très loyal, à respecter les gens. Et j'avais des copains qui insultaient leurs parents, ils pouvaient voler dans leur porte-monnaie... Donc quelque part, on pouvait voir ma culture africaine et ma culture française vraiment se mélanger. J'ai appris beaucoup de choses avec ça. Et ça a fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui.
Grande rencontre pendant votre jeunesse avec le théâtre. Un jour, vous découvrez le théâtre et vous trouvez Papy, vous allez à son cours. C'est votre metteur en scène aussi. C'est là aussi que Jamel Debbouze a commencé.
Issa Doumbia : C'est vrai, c'est vrai. En fait, moi, j'étais très timide. Je le suis encore aujourd'hui, mais j'arrive à le masquer. Mon premier prof d'improvisation théâtrale, c'est Jamel. Il donnait des cours au collège Gustave Flaubert, à Trappes, il bossait au même moment sur Radio Nova. Moi, je débarquais en sixième, mais je le connaissais parce que c'était un grand de Trappes, tout simplement.
Pour moi, c'est un grand frère, comme plein d'autres gamins à ce moment-là, et je ne sais pas ce qu'il va devenir. J'ai cette timidité en moi. Et dans ce cours d'improvisation théâtrale - et franchement, j'invite tous les ados qui ont un peu de mal à s'ouvrir à aller dans des cours de théâtre ou d'improvisation théâtrale, parce que justement, on arrive à jouer avec des gens qui ne sont pas du tout comme nous, mais on arrive à faire des choses ensemble et s'ouvrir totalement. Du coup, en cours, on est plus à l'aise, même après, lors de la sélection de nos métiers qu'on va avoir plus tard, on sera plus à l'aise dans les entretiens, les choses comme ça.
Et qu'on en fasse un métier ou pas, ça apporte énormément. Alors vous, ça a changé votre vie parce que très rapidement, vous commencez à faire des séries, des films, ça marche, l'argent, le succès, etc. Comment vous avez vécu ça ? Parce que c'est aussi un choc positif, mais un choc quand même.
Issa Doumbia : Déjà les premières choses que l'on fait, justement avec mes parents, qui m'ont appris la valeur de l'argent. Moi, j'ai connu les créanciers qui venaient frapper, qui venaient essayer de prendre des choses à la maison. Du coup, on paye les dettes, on paye les dettes des parents, ça les soulage. Soulager ses parents, c'est vraiment quelque chose qui m'a fait du bien, quelque part, parce que je les voyais avec beaucoup moins de problèmes. Ils en avaient toujours, mais en tout cas, financièrement, je pouvais les aider. Ça change aussi le regard que les gens ont sur moi. Je passe du petit garçon qui est cool, gentil dans un quartier à être celui qui est connu sur Paris, puis dans toute la France. Donc ça grossissait au fur et à mesure. C'est tout un changement dans la vie. Après, il faut apprendre à vivre avec ça aussi, ce qui n'est pas simple. C'est ce que j'explique dans mon spectacle.
Dans votre spectacle, vous parlez aussi du fait que maintenant vous êtes Monsieur Doumbia, vous êtes le monsieur, vous êtes le daron. C'est un choc aussi pour vous, d'autant plus que vous êtes père.
Issa Doumbia : C'est ça. Au début, tout le monde m'appelait Issa. Après, c'est devenu Issa Doumbia. Et là, depuis la perte de mon papa, j'ai repris le flambeau. Donc là, le nom, c'est mon frère et moi qui le portons vraiment à fond. Je suis devenu aussi papa. Donc quelque part, ça donne encore une nouvelle dimension à ma vie. Le statut que mon père avait, je l'ai pour mes enfants aujourd'hui. Je suis obligé de leur montrer le chemin, de leur montrer ce qui est bon ou mauvais, quelque part. Ils feront leur choix après, plus tard, de ce qu'ils veulent faire. S'ils veulent faire du bien ou pas, ça, c'est à leur guise, j'ai envie de dire.
Vous avez expliqué tout ça très très bien dans le spectacle. Il y a des moments très touchants, plein de moments très drôles. Le spectacle Monsieur Doumbia est en tournée dans toute la France, et le 18 octobre au Grand Rex. Merci infiniment, Issa Doumbia, pour ce moment.
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