Le petit-fils de Fidel Castro créé la polémique à Cuba avec des sketchs provocateurs sur internet

Certains de ses 120 000 abonnés sur les réseaux sociaux veulent faire de lui le "prochain président".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Une voiture passe devant le bar Efe, dont le propriétaire est Sandro Castro, le petit-fils de Fidel Castro, le 29 juillet 2025, à La Havane. (ADALBERTO ROQUE / AFP)
Une voiture passe devant le bar Efe, dont le propriétaire est Sandro Castro, le petit-fils de Fidel Castro, le 29 juillet 2025, à La Havane. (ADALBERTO ROQUE / AFP)

Avec ses vidéos loufoques postées sur Instagram, "Vampirach" fait parler à Cuba : ce personnage interprété par Sandro Castro, un des petits-fils de l'ancien dirigeant Fidel Castro, amuse ou agace par ses provocations.

Déguisé en moine ou en vampire ("Vampirach"), maquillé en petit chat ou vêtu du maillot du Barça, le jeune homme de 33 ans, qui compte 120 000 abonnés, poste régulièrement sur Instagram des vidéos de sketchs potaches dont il tient le rôle principal.

L'humour pour parler des difficultés économiques

Ce brun, affublé de lunettes de soleil rondes, ne se prive pas d'ironiser parfois sur les difficultés économiques que traverse l'île communiste, minée par les coupures d'électricité et les pénuries.

"Je me suis levé ce matin avec ma recette préférée, du poulet à la bière, mais... il n'y a pas de poulet", dit-il, en brandissant de la bière Cristal, la bière nationale, dont il a fait son talisman.

Torse nu, devant un drapeau américain, on le voit se rafraîchir dans une citerne d'eau, de celles qui parsèment les toits de La Havane en raison des fréquentes coupures d'eau : "Il n'y a pas de meilleure piscine que la citerne du ghetto", lance-t-il.

Les délestages électriques quotidiens l'inspirent aussi : "Si je te prends comme le fait l'UNE (la compagnie nationale d'électricité), c'est toutes les quatre heures, du lundi au lundi", dit-il à une femme dans une vidéo.

Ses abonnés sur le réseau social en redemandent et certains veulent faire de lui le "prochain président".

"Contre les idéaux"

Mais des voix proches du gouvernement s'agacent. "Sandro est un imbécile" qui "n'éprouve aucune affection pour son grand-père, ni ne respecte sa mémoire", a dénoncé l'écrivain Ernesto Limia sur sa page Facebook.

El Necio, un influenceur proche du Parti communiste cubain, regrette, aussi sur Facebook, que Sandro n'ait pas été rappelé à l'ordre par la Sécurité de l'État car "il va à l'encontre de la sécurité de ce pays" et "contre les idéaux" de la révolution castriste de 1959.

À Cuba, les militants des droits humains et les journalistes indépendants sont régulièrement arrêtés et interrogés par la police pour leurs billets critiques postés sur les réseaux sociaux. Certains ont été condamnés pour leurs publications.

Pour le dissident Manuel Cuesta Morua, le phénomène "Sandro" reflète la "distance" entre ceux qui ont porté le "projet original de la révolution et la génération de leurs petits enfants".

Son activité sur les réseaux sociaux "en mode grotesque" est "la seule chose qui le distingue du reste de sa famille" qui jouit "plus discrètement" de privilèges et incarne une nouvelle aristocratie cubaine, estime l'opposant.

Lorsque Fidel Castro (1926-2016) était encore vivant, les Cubains ne savaient que peu de choses sur sa dernière épouse, Dalia Soto del Valle, et leurs cinq fils – sur les sept enfants qu'a eus le dirigeant. Éloignés des responsabilités politiques, ils ont vécu à Punto Cero, une vaste propriété de l'ouest de La Havane, réservée à la famille et gardée par des militaires.

Plusieurs polémiques

Sandro Castro s'est fait connaître en 2021, en pleine pandémie, lorsqu'il est apparu dans une vidéo ayant filtré sur les réseaux sociaux où on le voyait conduire une luxueuse Mercedes. "Nous sommes des gens simples, mais de temps en temps, il faut sortir les petits jouets que nous avons à la maison", dit-il dans l'extrait devenu viral et qui avait indigné la population. Face au tollé, il avait dû présenter des excuses.

Fin 2024, il avait à nouveau créé la polémique en annonçant une fête pour son anniversaire dans le bar dont il est propriétaire à La Havane, alors que le pays se remettait à peine d'une coupure d'électricité générale.

Avant l'apparition de Sandro comme influenceur, un compte du réseau social X, sous le nom d'Alexis Castro del Valle, son père, avait fait déjà parler de lui. Non authentifié, ce compte débattait de politique et économie à Cuba, n'hésitant pas à remettre en question des décisions gouvernementales. Il s'était arrêté après onze mois d'activité. Alexis Castro et ses frères n'ont jamais occupé de postes à responsabilité à Cuba, contrairement aux enfants de Raul Castro, 94 ans, qui fut au pouvoir de 2006 à 2021.

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