"Un soir de gala" aux Bouffes du Nord : Vincent Dedienne signe un coup de maître pour son retour au one man show
Depuis le 22 décembre, et jusqu'au 29 janvier 2022, l'humoriste présente à Paris son nouveau spectacle "Un soir de gala" dans l'écrin splendide du théâtre des Bouffes du Nord. Entre des personnages croqués à l'encre d'arsenic et des détours introspectifs dont il a le secret, Vincent Dedienne nous offre une leçon de maître.
Une master class. C'est l'impression que laisse Vincent Dedienne, 34 ans, à l'issue de son nouveau one man show Un soir de gala, à l'affiche à Paris, au théâtre des Bouffes du Nord, depuis le 22 décembre 2021, jusqu'au 29 janvier 2022. Si toutes les représentations affichent complet ou presque, quelques places se libèrent ici et là, des spectateurs renonçant à venir pour cause de Covid-19, a indiqué l'humoriste dans un message sur Instagram.
En attendant, et tant que le spectacle continue malgré la menace de nouvelles restrictions sanitaires, il serait dommage de se priver d'une soirée avec Vincent Dedienne au théâtre des Bouffes du Nord, lieu à la fois intimiste, imposant et hors du temps. Parfait pour accueillir la saine folie de ce virtuose. Un soir de gala est son deuxième spectacle après l'inclassable et brillant S'il se passe quelque chose..., lancé à l'automne 2014 avant de connaître une belle carrière et recevoir le Molière de l'humour en 2017. Parallèlement à ce premier one man show très autobiographique, Vincent Dedienne s'est illustré comme ineffable chroniqueur (Canal+, TMC avec Quotidien, France Inter, RTL), mais aussi comme acteur au théâtre (Le Jeu de l'amour et du hasard) et au cinéma. Forcément, avec la notoriété et le capital sympathie acquis au fil des ans, un nouveau spectacle de l'humoriste au sourire narquois ne pouvait que susciter curiosité et attente.
Galerie de portraits cinglants et hilarants
C'est peu dire que les attentes sont comblées dans ce show qu'il a cosigné avec Juliette Chaigneau, Mélanie Le Moine (elles étaient déjà co-autrices du premier seul en scène) et Anaïs Harté. Dans le texte de présentation de Un Soir de gala, l'humoriste annonce la couleur : "Après avoir fait le tour de mon nombril dans mon précédent spectacle, j'ai décidé de tourner un peu autour des vôtres..." Vincent Dedienne ne se contente pas de tourner autour : il y enfonce une plume acérée et vénéneuse, assis ou virevoltant autour d'un piano qui sert à tout sauf à la musique... Cela passe par une galerie de personnages hilarants, parmi lesquels le vieux qui court les enterrements de stars, le rédacteur en chef inculte et infect d'une chaîne info, la bourgeoise réac désœuvrée, le chorégraphe odieux, l'agent de voyage qui reçoit un client nommé Xavier Dupont de Ligonnès - l'un des temps forts du show... Mais d'ailleurs, y a-t-il seulement des temps "faibles" ? À part une ou deux sensations de longueur, le Soir de gala brille de mille feux. Parmi les moments les plus fous, on n'oublie pas l'hallucinant "redresseur de chansons" que n'auraient pas renié les Monty Python... Ni ce chanteur fou amoureux de lui-même qui se contorsionne, perché sur le piano...
Pour certains portraits, on pourrait craindre du "déjà entendu". Mais Dedienne est bien trop inspiré pour ça. Son écriture incisive et virtuose coule comme un jaillissement ininterrompu. Les formules font mouche, les mots sont cruels, les tableaux sont désopilants d'absurde, et parfois glaçants. Les obsédés du politiquement correct en seront pour leurs frais : au détour de certains sketches, jaillissent d'ineffables salves d'humour noir, très noir, dont deux ou trois allusions à des faits divers qui ont ébranlé la France. Mais dans ces moments d'hilarité, ça passe !
Mélancolie et "chagreur"
Entre les jeux de massacre se glissent des instants furtifs d'humanité, des considérations sur la vie, de brefs intermèdes musicaux, de folles danses comme autant d'exorcismes pour se purifier l'âme. Un soir de gala, c'est une évocation de notre société en miroir déformé et une convocation du temps qui passe, ce temps qui, avant de briser les corps, refroidit les cœurs téméraires. "Qu'est-ce qui fait qu'on ne saute plus des rochers à 50 ans ?", s'interroge Vincent Dedienne dans un moment d'introspection. On songe alors à l'affiche officielle du spectacle qui montre l'humoriste en haut d'un vieux plongeoir, contemplant le vide. Des fantômes planent dans les hauteurs du théâtre, ceux de l'enfance insouciante, ceux de proches disparus, ceux d'un personnage du show mort entre deux sketches, comme pour rappeler qu'on aura beau rigoler, la roue tournera sans merci. L'humoriste évoque les ennemis de l'ombre, le chagrin et l'aigreur regroupés sous l'appellation "chagreur". Il imagine sa propre mort et l'on rit encore. Mais à l'issue d'un final de toute beauté, c'est bien avec l'émotion qu'il nous piège une dernière fois. Alors que la scène a été dépouillée sous nos yeux de tout accessoire et artifice, Vincent Dedienne danse une ultime fois, sur tout l'espace disponible du plateau, le visage absent et grave.
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