"Leur optique est ouvertement antirépublicaine" : présenté comme un nouveau Puy-du-Fou, le spectacle historique Murmures de la cité suscite la polémique

Trois jours de représentation, plus de 300 figurants, 2 100 spectateurs annoncés et une grosse polémique. Voilà ce qui attend à partir du vendredi 11 juillet et tout ce week-end, les habitants de Moulins (Allier). Le spectacle Murmures de la cité se présente comme une fresque historique de la France, de Vercingétorix à la Seconde Guerre mondiale en passant par Napoléon. Mais depuis des mois, des voix s'élèvent pour dénoncer une revisite idéologique de l'histoire française et, surtout, des subventions controversées.

C'est le député communiste de la première circonscription de l'Allier qui a dégainé en premier. "Je pense avoir joué mon rôle de lanceur d'alerte", déclare Yannick Monnet qui dénonce la présence du Fonds du Bien Commun parmi les sponsors. Un fonds créé par le milliardaire conservateur et proche de l'extrême droite Pierre-Édouard Stérin. "Pierre-Édouard Stérin mobilise des moyens financiers importants pour faire en sorte que l'extrême droite arrive au pouvoir, explique le député communiste. Et quand on fait le choix d'être financé par Pierre-Édouard Stérin, ça veut dire qu'on fait le choix de participer à son projet politique."

"On peut réunir un peuple derrière l'Histoire de France"

Le président de Murmures de la cité, Guillaume Senet, rejette fermement ces accusations. "Peut-on dire que l'Histoire de France soit d'extrême droite ?, demande celui qui est à l'origine de ce projet il y a deux ans. Faut-il être d'extrême droite pour aimer la France ? Je n'en suis pas convaincu et c'est pour cela que j'ai décidé de créer Murmures de la cité. Je pense qu'on peut réunir un peuple derrière l'Histoire de France."

Guillaume Senet dénonce des pressions contre des bénévoles, des partenaires ou des commerçants. Vincent Présumey, lui, a porté plainte pour menaces de mort. Il est responsable du syndicat FSU, professeur d'histoire à Moulins et opposé à ce spectacle. "Leur optique est ouvertement antirépublicaine, affirme le professeur d'histoire. La Révolution est présentée comme un épisode très regrettable qui, heureusement, a été rattrapé par Napoléon. Et dans leur propre fascicule de présentation, l'année 1940 est présentée comme une année de résilience de la France. On peut quand même s'interroger là-dessus."

D'autres dates bientôt annoncées

Une vision dépassée, voire idéologique, dénoncée également par le Collectif de lutte des archéologues d'Auvergne (CLAA). Là aussi, Guillaume Senet dément : "Tous les événements historiques dont il est fait mention dans le spectacle sont des événements qui ont eu lieu à Moulins, de Vercingétorix à la Libération en passant par Anne de Beaujeu ou encore la Visitation. Ces personnes n'ont pas vu le spectacle, c'est cavalier d'attaquer tout de suite avant d'y avoir eu accès."

Guillaume Senet est par ailleurs président de l'association chrétienne et conservatrice Sophia Polis, dont l'université d'été accueillera des figures d'extrême droite Bruno Gollnisch ou Jean-Yves Le Gallou. Il se satisfait de cette publicité. Son spectacle affiche complet et d'autres dates vont être bientôt annoncées. Plusieurs organisations comme la CGT et le Snes-FSU appellent à un rassemblement vendredi à 17h30 à Moulins, pour dénoncer une nouvelle fois ce spectacle.