Comment Eric Ruf est arrivé à la tête de la Comédie Française
Eric Ruf, 45 ans, membre de la troupe de la Comédie-Française depuis 20 ans, a été choisi par le président de la République pour diriger le plus prestigieux théâtre de France. Pourquoi et comment cela s'est-il joué ?
Eric Ruf, nommé mercredi en Conseil des ministres, tenait la corde avec le directeur du théâtre de la Colline Stéphane Braunschweig depuis quelques semaines. Les deux hommes ont été reçus personnellement par François Hollande.
Le dossier de l'autre candidat de poids, le directeur du TNP Villeurbanne Christian Schiaretti, se serait "perdu" entre le ministère de la Culture et l'Elysée, au grand dam de l'intéressé.
Eric Ruf est proche de Denis Podalydès, figure de la Comédie-Française, qui a soutenu François Hollande lors de la campagne présidentielle. Le chef de l'Etat a imposé son choix face au candidat défendu par sa ministre de la Culture Aurélie Filippetti.
Cette dernière avait sollicité Stéphane Braunschweig, estimant qu'un outsider aurait fait entrer un peu d'air dans la maison, après les tensions qui ont marqué la fin du mandat de Muriel Mayette-Holtz, elle-même issue du sérail.
Multi-talents, Eric Ruf veut "défendre un théâtre populaire"
Eric Ruf s'est aussitôt dit "soucieux d'un dialogue respectueux et fertile" au sein du théâtre, dans un communiqué diffusé par la Comédie-Française. Le nouvel administrateur souhaite "défendre un théâtre populaire dans la haute acception du terme (...) n'oubliant jamais la profondeur, la beauté, la poésie et le rire".
Eric Ruf, le "prince" de la Comédie-Française, est à la fois un grand et bel acteur, un metteur en scène et un décorateur-scénographe de talent. Après avoir joué les jeunes premiers, il a endossé les rôles d'hommes mûrs, où son autorité naturelle fait merveille.
Il joue en ce moment Don Alphonse d'Este dans "Lucrèce Borgia" mis en scène par son ami Denis Podalydès, et a aussi signé les décors de la pièce.
Il avait également joué et conçu les décors du triomphal "Cyrano de Bergerac" monté par Denis Podalydès en 2006 et repris plusieurs fois depuis avec un égal succès. Il avait à cette occasion reçu en 2007 les Molières du décorateur et du second rôle masculin dans cette pièce.
En tant que metteur en scène, il a marqué avec un "Peer Gynt" d'Henrik Ibsen proposé en version bi-frontale (le public est de part et d'autre de la scène) en 2012 au Grand Palais.
Le bilan de Muriel Mayette
Première femme nommée en 2006 à la tête de la Comédie-Française, Muriel Mayette a connu une fin de mandat difficile, marquée par la contestation d'une partie de la troupe. En décembre, la fuite dans le Figaro d'une lettre des sociétaires adressée à la ministre de la Culture demandant "une autre étape" ouvrait la succession. On lui reprochait le manque de qualité artistique de certains spectacles.
Le sort de Muriel Mayette reste incertain. Elle "se verra proposer prochainement par le gouvernement des fonctions à la mesure de ses réalisations", indique le ministère de la Culture.
Son prédécesseur Marcel Bozonnet avait été débarqué sans préavis. Le ministère de la Culture a pris plus de gants avec Muriel Mayette, dont le bilan est salué.
Elle a su renouveler la troupe, engageant la moitié des comédiens actuels, dont de jeunes talents très demandés au cinéma, comme Pierre Niney ou Laurent Laffitte, l'ouvrir à l'audiovisuel et peut se targuer d'un bilan flatteur en terme de fréquentation.
Un budget serré
La Comédie-Française, fondée par ordonnance royale de Louis XIV en 1680, est la seule troupe permanente de cette ampleur en France, avec 64 pensionnaires et sociétaires à ce jour. Ses trois salles (Salle Richelieu, Vieux Colombier et Studio Théâtre) font presque toujours le plein.
Muriel Mayette avait choisi d'associer les comédiens aux économies imposées par l'Etat (1,5 million d'euros en trois ans) en leur confiant davantage de mises en scène.
Son successeur Eric Ruf, qui prend ses fonctions le 4 août, devra composer avec un budget serré, tout en ouvrant la maison à de "grands metteurs en scène internationaux", selon le communiqué du ministère, pour insuffler davantage d'audace dans la vénérable maison.
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