Culture : "Nos années parallèles", une ode à la vie née d'une histoire vraie

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Article rédigé par franceinfo - Isabelle Layer - Édité par l'agence 6médias
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Dans la chronique culture du mercredi 1er octobrela journaliste Isabelle Layer a interviewé Virginie Lemoine et Stéphane Corbin venus parler de "Nos années parrallèles"

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Isabelle Layer : "Nos années parallèles" Vous en êtes l'auteur et compositeur aussi, parce qu'il y a de la musique. Stéphane Corbin, ce spectacle c'est l'histoire de qui, de quoi ?

Stéphane Corbin : Je ne vais pas vous mentir, ce spectacle c'est un peu mon histoire. J'ai perdu ma mère en l'an 2000, j'avais 23 ans, et pour ne pas que les souvenirs se dissipent dans ma mémoire, j'ai écrit tout un tas de choses dans des carnets. Cela m'a un petit peu échappé et c'est devenu une pièce presque malgré moi. Et ce que je voulais, c'était surtout que quand les personnes disparaissent, on perd ses souvenirs, on perd cette mémoire-là, et je voulais garder une trace et rendre hommage à la personne merveilleuse qu'elle a été et à la mère merveilleuse qu'elle a été.


Vous aviez commencé par un livre qui porte le même nom, Nos années parallèles, aux éditions Lamao. Donc, c'est devenu un spectacle musical. Virginie, la première fois que vous avez lu ce texte, comment avez-vous réagi ? Qu'est-ce que vous avez ressenti ?


Virginie Lemoine : On se connaît bien. En plus, Stéphane m'a dit : "Lis-le, on va peut-être en faire une pièce. On va peut-être le jouer tous les deux au début." Et en fait, on l'a lu à voix haute. Moi, ça me parlait beaucoup parce que j'ai perdu ma mère étant enfant, donc vous comprenez bien de quoi va parler Stéphane. Ce que j'ai ressenti, c'est que c'est un peu le chemin que l'on fait tous quand on perd quelqu'un, quelles que soient nos croyances, nos religions ou le fait qu'on soit tout à fait agnostique. En fait, on parle beaucoup avec la personne, une façon de lui dire au revoir, de réussir à la faire partir, on la convoque énormément. On a beaucoup de dialogues intérieurs avec elle et c'est un peu ce que raconte la pièce, ce sont un peu les dialogues que Stéphane a eus avec sa maman. Et puis toutes les difficultés, la façon dont il a géré toutes ces émotions qui se sont entrechoquées, qui ont fait qu'il a eu le chemin qu'il a eu tout au long de la maladie de sa maman. Et puis après son décès, tout ce qu'il a fait aussi grâce à elle, parce qu'il continue à l'habiter et à le guider finalement.


Dans ce spectacle. On rit, il est beau, il y a de la poésie. Justement, l'important pour vous, c'était de ne pas tomber dans le pathos. Ça aurait été trop simple.


Non, et c'est quelque chose qu'on déteste tous les deux avec Virginie. Je pense qu'on travaille ensemble depuis plus de 15 ans maintenant et j'ai la chance de composer la plus grande partie des pièces que Virginie écrit ou met en scène. Et autant, on adore aborder des sujets graves, quelquefois importants, mais le pathos, ce n'est pas nous du tout. Ce qui nous rejoint aussi, c'est une forme de dérision face au drame et une forme de distance et d'humour permanent. Et on se rejoint bien là-dessus

Vous êtes sur scène, au piano. Votre histoire se joue devant vous, sur scène. À chaque représentation, ça vous fait quoi de revoir cette histoire ?

Ça dépend vraiment des soirs. Cette pièce, on l'a créée il y a quelques années. Je l'ai jouée beaucoup, je crois qu'on l'a jouée une centaine de fois. Il y a des jours où je regarde ça presque comme une fiction. Je regarde ces deux comédiens que j'adore, qui sont des amis, en me disant qu'ils sont incroyables, qu'ils sont drôles, qu'ils sont émouvants. Et puis il y a des soirs où l'inconscient travaille et vous avez un truc qui vous revient, une image, un souvenir précis d'une situation. Et là, ça peut serrer un petit peu le ventre. Et puis là, il faut rester accroché sur la partition qu'il y a à jouer.

Virginie Lemoine, vous êtes quel genre de metteuse en scène ? Vous intervenez beaucoup avec les comédiens ?

Je suis très précise, en tout cas, dans la proposition que j'ai. J'en parle toujours aux comédiens avant. On travaillait beaucoup. En revanche, je suis très ouverte à toutes leurs propositions. Et j'ai qu'un principe, c'est qu'on essaie toujours tout. Je n'ai pas du tout d'égo. J'ai juste un besoin de grande précision, mais je n'ai pas d'égo du tout. Je ne comprends pas. En fait, on essaie tout. J'adore les comédiens. Et puis je peux les comprendre parce que comme je suis comédienne moi-même, il y a des moments où l'on passe par des grands moments d'incertitude, d'angoisse, on a besoin de silence, on a besoin de s'isoler. Je le comprends parfaitement. J'aime prendre soin d'eux.

Stéphane, vous avez choisi un acteur, Alexandre Dethou, pour jouer votre rôle. Une actrice, Valérie Zakomar, qui sont excellentes tous les deux pour jouer le rôle de votre maman. Comment avez-vous choisi ces acteurs ?

Je peux vous raconter l'histoire précise. D'abord, on avait créé une des premières pièces qu'on a faites ensemble, Virginie. Ça s'appelait 31. Et dans cette pièce, on a joué au studio des Champs-Élysées en 2017, je crois. Dans cette pièce, il y avait Alexandre et Valérie. Et Valérie jouait une espèce de mère de substitution dans une famille un peu recomposée du personnage joué par Alexandre. Cette pièce, on a eu la chance de la jouer au festival de Saint-Barthélemy, ce qui est une vraie chance. Et on était avec le producteur de l'époque. On était un petit peu éméchés, on va se mentir, c'est la fin du festival, on est là, face à ces plages magnifiques, et on les voyait se chamailler tout le temps comme ça tous les deux, et avec Jean-Pierre, notre producteur, on s'est dit : "Mais c'est eux ? Regarde, c'est eux ?" Et voilà. Et Jean-Pierre a été le premier producteur de cette pièce. Ce jour-là, on a décidé que c'était eux qui allaient jouer cette pièce-là.

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