"Hamlet/Fantômes" au théâtre du Châtelet : Kirill Serebrennikov revisite radicalement le personnage shakespearien

Le metteur en scène russe en exil réinvente entièrement la pièce originelle de William Shakespeare dans un spectacle polyglotte et fragmenté. Du théâtre total, libre et déjanté. Au théâtre du Châtelet jusqu'au 19 octobre.

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
August Diehl interprétant "Hamlet" au théâtre du Châtelet. (VAHID AMANPOUR)
August Diehl interprétant "Hamlet" au théâtre du Châtelet. (VAHID AMANPOUR)

Quand Olivier Py, directeur du théâtre du Châtelet, a proposé à Kirill Serebrennikov, metteur en scène et réalisateur, de monter Hamlet, s'attendait-il à une adaptation aussi personnelle et radicale de l'une des pièces les plus connues au monde de William Shakespeare ? Sûrement, les deux artistes se connaissent parfaitement.

Hamlet revu par le cinéaste russe en exil est une pièce polyglotte (français, anglais, russe et allemand) en dix tableaux, une invention plus qu'une adaptation. Hamlet/Fantômes est à découvrir jusqu'au 19 octobre.

Odin Lund Biron et Kristian Mensa dans "Hamlet", au théâtre du Châtelet, à Paris. (VAHID AMANPOUR)
Odin Lund Biron et Kristian Mensa dans "Hamlet", au théâtre du Châtelet, à Paris. (VAHID AMANPOUR)

"Je savais déjà que je ne mettrais pas en scène l'œuvre originale de William Shakespeare. Mon intention était plutôt d'écrire une pièce originale que j'ai aussitôt imaginée tel un jeu de miroirs et de réflexions autour du personnage de Hamlet", explique, dans le livret, Kirill Serebrennikov.

Résultat : une œuvre fragmentée, libre, polyphonique dans laquelle Hamlet se démultiplie.

Qui est donc Hamlet ?

Kirill Serebrennikov revisite totalement le mythe shakespearien dans ce théâtre musical. Il en a conservé et mis en exergue les passages clés de l'œuvre originelle à laquelle il a ajouté des thèmes faisant écho à la société contemporaine. Le metteur en scène questionne essentiellement le personnage.

Huit comédiens incarnent à tour à de rôle le prince du Danemark. Parmi eux : August Diehl, Odin Lund Biron et Judith Chemla. L'actrice et autrice française incarne avec beaucoup de bonheur la Sarah Bernhardt, première comédienne à avoir interprété Hamlet. Pourquoi une femme ne peut-elle pas jouer ce rôle ? Judith Chemla se dédouble sur scène et tend un miroir au monde du théâtre et à la société. Lumineuse, elle brouille les frontières.

Judith Chemla dans le rôle de Hamlet, au théâtre du Châtelet, à Paris. (VAHID AMANPOUR)
Judith Chemla dans le rôle de Hamlet, au théâtre du Châtelet, à Paris. (VAHID AMANPOUR)

Un théâtre total, tel est le concept de Kirill Serebrennikov. Danse, vidéo en direct, projections et créations lumières, musique, création du compositeur Blaise Ubaldini pour l'Ensemble intercontemporain, le spectacle est une expérience visuelle qui se déroule dans un salon bourgeois décrépi. On retrouve ainsi tout l'univers du metteur en scène russe.

À l'applaudimètre, Hamlet/Fantômes est un succès. Le public, un peu dérouté au début, a réservé une longue ovation à la fin du spectacle. Une partie du public a ri de bon cœur au monologue en russe du comédien Nikita Kukushkin.

"Hamlet/Fantômes", au théâtre du Châtelet, à Paris, jusqu'au 19 octobre 2025

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