"Je n’ai aucun problème à répondre aux questions, au contraire" : le questionnaire de Proust de Léna Bréban, metteuse en scène

Comédienne, Léna Bréban a reçu le Molière du metteur en scène d'un spectacle de théâtre privé en 2022 pour Comme il vous plaira de William Shakespeare. Elle a surtout assuré la mise en scène de nombreuses pièces dont La Folle journée ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais, avec Philippe Torreton dans le rôle principal, qui se joue jusqu'au 26 juillet à la Scala Provence (Avignon) et à partir du 5 septembre à La Scala Paris. 

Franceinfo Culture : Cet été êtes-vous plutôt travail ou sieste ?

Léna Bréban : Cet été après le 15 juillet je vais être réellement en vacances ce qui ne m’est pas arrivé depuis l’été dernier donc j’ai hâte. Mais aussi c’est en vacances qu’on peut rêver à ses prochains projets. Il faut du vide pour rêver. Pour créer et imaginer.

En vacances, êtes-vous montagne ou plage ?

Plage et même plutôt dans l’eau avec un masque pour voir des poissons.  Et écouter le sel qui cristallise dans les oreilles. J’y passe des heures. 

Parlons création : êtes-vous du matin ou du soir ?

Peu importe, et ça dépend des projets. Mais j’aime pouvoir allier création et vie privée donc plutôt la journée si je dois choisir. 

Cinéma ou théâtre ? 

Théâtre, c’est mon ADN. J’aime tout : l’odeur, les fauteuils, le billet, la lumière qui se baisse, les applaudissements à la fin, le souffle commun. Il a y un artisanat dans le théâtre dont je ne me lasse pas. Au final, si rien ne marche, l’acteur peut continuer à jouer, éclairé par des portables (ça m’est déjà arrivé !)

Quel est le livre (film, disque, opéra) que vous n’avez toujours pas lu, écouté ?

La plupart des opéras. C’est un art que je connais mal. Pour le reste devant une bibliothèque, j’ai toujours la sensation qu’une vie ne suffira pas.

Votre meilleur souvenir de comédienne ?

Le Shakespeare que j’ai monté avec Barbara Schultz, un enchantement de la première à la dernière, on riait tellement pendant la création. Rire en travaillant je pense que c’est la meilleure chose du monde. Et j’ai fini par jouer dedans. C’était vraiment la joie, la déconne, l’amitié. Ça n’empêche absolument pas de très bien travailler. Je ne supporte pas les gens qui se prennent au sérieux, la prétention ou le snobisme.

Votre cauchemar ?

Quand je suis en création je mets en scène en dormant, c’est exaspérant, mon esprit ne veut pas lâcher. Donc je me réveille et j’ai un carnet à côté de  moi pour noter des idées ou des choses à ne pas oublier.

Si vous étiez une pièce (un livre, un film, un spectacle, un disque) lequel serait-il ?

Un livre : Mémé de Philippe Torreton parce que je travaille avec lui en ce moment que c’est un grand acteur et que son livre m’a bouleversée. Ou King Kong théorie de Virginie Despent, fondamental. .Un film : Tootsie, je le regarde chaque année. Un spectacle : Bernadedge d’Alain Platel que j’avais découvert à Avignon. Et un disque, ce serait un album où régnerait Barbara, Taylor Swift, Brassens, James Taylor, Ben Mazué et toute la chanson française qui a bercée mon enfance. 

Quelle phrase (chanson, réplique, air d'opéra, mélodie) a bouleversé votre vie ?

"Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve." dite par Henri Salvador dans Emilie Jolie. J’avais 9 ans. Je me suis juré d’avoir une vie vivante, joyeuse. 

Quels sont les personnages (de la littérature, cinéma, théâtre… ) que vous avez détestés ?

Belle du seigneur  et toutes les représentations qui réduisent les femmes à des objets ou dont le rôle n’est écrit que pour valoriser les hommes.

Et ceux qui vous ont toujours accompagnée ?

 Les personnages de Tchekhov, Billy Elliot, et toutes les lectures et films qui ont construit celle que je suis. On peut être transformée par une œuvre, c’est ça que je trouve incroyable. Magique.

Quel est le lieu où vous êtes chez vous ?

Dans la mer. Dans mon lit.

Quel est lieu qui vous inspire ?

Les forêts, les voyages, aller chez des gens que je ne connais pas, regarder comment les gens vivent. Les gens m’inspirent plus que les lieux. 

Quelle est la question qui vous horripile ?

Ce qui m’horripile c’est la bêtise et la méchanceté (ça paraît banal mais en réalité c’est assez courant donc ça m’horripile). Je n’ai aucun problème à répondre aux questions, au contraire.

Et celle qu’on ne vous a jamais posée ?

Qu’est ce qui vous fait peur ? 

 Pourquoi avez-vous choisi cette photo en particulier pour illustrer ce questionnaire ? 

C'est une photo de moi en répétition, dirigeant les acteurs. Je trouve qu’elle représente bien mon métier. De dos, on regarde les autres, aux aguets de ce qu’ils proposent et de ce que vous imaginez sur eux, pour eux.