Russie : maintenue en détention, la metteuse en scène Evguénia Berkovitch se défend de toute "apologie du terrorisme"
Pour avoir mis en scène en 2020 une pièce de théâtre que soutenait pourtant à l'époque le ministère russe de la Culture, Mme Berkovitch risque sept ans de prison. En réalité ce sont sans doute ses poèmes dénonçant l'invasion de l'Ukraine qui ont déplu au pouvoir russe.
Le tribunal municipal de Moscou a maintenu mardi en détention la metteuse en scène Evguénia Berkovitch et l'autrice Svetlana Petriïtchouk, qui risquent sept ans de prison, dans une affaire emblématique de la répression des artistes critiques en Russie. Les deux femmes ont été arrêtées à Moscou début mai et accusées d'"apologie du terrorisme" pour une pièce écrite par Mme Petriïtchouk et mise en scène par Mme Berkovitch en 2020.
Le tribunal municipal de Moscou a confirmé mardi en appel leur placement en détention provisoire jusqu'à début juillet.
Une pièce pourtant soutenue par le ministère russe de la Culture
Primée en Russie et jouée entièrement par des femmes, la pièce en question, Finist est un vaillant faucon, raconte l'histoire de Russes recrutées sur internet par des islamistes en Syrie et partant les rejoindre pour les épouser.
Lors de l'audience mardi, Evguénia Berkovitch s'est défendue de toute apologie du terrorisme et a souligné que cette œuvre avait été soutenue par le ministère russe de la Culture. "Vous pensez que le ministère a donné des roubles pour faire la propagande du terrorisme ?", a-t-elle lancé, s'exprimant par visioconférence depuis sa prison et citée par le site Mediazona.
L'accusation est basée sur une expertise faisant un parallèle entre l'islam radical et "le féminisme radical" supposé de Mme Berkovitch, a indiqué à l'audience Ksenia Karpinskaïa, son avocate, également citée par Mediazona, tout en dénonçant une analyse "délirante".
Le "féminisme radical", nouveau prétexte pour faire taire les opposants
Ces derniers mois, le "féminisme radical" a fait son entrée dans le lexique du régime russe pour dénoncer les opposants. "L'expertise dit que je fais la propagande du féminisme radical, qui soutiendrait qu'une femme ne doit pas élever d'enfants. Or, votre honneur, je veux plus que tout m'occuper en ce moment de mes enfants", a déclaré mardi Evguénia Berkovitch, qui est mère deux enfants adoptés après des années d'orphelinat et de familles d'accueil.
L'accusée avait publié l'an dernier plusieurs poèmes remarqués dénonçant l'offensive en Ukraine, ce qui, pour ses soutiens, serait l'une des véritables raisons de ces poursuites. "Ces méthodes horribles ne devraient pas s'appliquer. Emprisonner quelqu'un ayant deux enfants difficiles déjà abandonnés plusieurs fois, pour un crime qui n'existe pas, c'est terrible", a réagi devant la presse son avocate, après l'audience.
Depuis l'offensive du 24 février 2022, les autorités russes ont accéléré la répression de toute dissidence, à coups de milliers d'amendes et de lourdes peines de prison visant pêle-mêle anonymes, militants et intellectuels.
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