Cet article date de plus de sept ans.

Théâtre : la mise en scène de "La Tempête" de Shakespeare secoue la Comédie-Française

Après avoir dirigé de nombreux opéras et comédies musicales, le metteur en scène canadien Robert Carsen monte "La Tempête" de Shakespeare à la Comédie-Française jusqu'au 21 mai 2018.

Thierry Fiorile

Radio France

Publié le 19/12/2017 18:50

Temps de lecture : 2min

Michel Vuillermoz et Christophe Montenez dans la pièce "La tempête" de Shakespeare, mise en scène par Robert Carsen, le 9 décembre 2017. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP) — Michel Vuillermoz et Christophe Montenez dans la pièce "La tempête" de Shakespeare, mise en scène par Robert Carsen, le 9 décembre 2017. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Le metteur en scène canadien Robert Carsen est invité par la Comédie-Française où il monte La Tempête de Shakespeare. C'est la première fois qu'il vient en France pour du théâtre. Après avoir dirigé de nombreux opéras et comédies musicales, dont dernièrement Singin' in the Rain, sa nouvelle mise en scène secoue la Comédie-Française.

"La Tempête" secoue la Comédie-Française - le reportage de Thierry Fiorile

La Tempête est l'une des dernières pièces de Shakespeare, l'une des plus complexes, souvent montée dans une débauche de décors fantastiques, en appuyant sur le chaos de cette histoire. Prospero est un duc déchu, exilé sur une île avec sa fille, qaund une tempête fait échouer ceux qui l'ont trahi.

"Dites-vous que vous ne savez pas où vous êtes"

Pour cette adaptation, Robert Carsen a choisi une forme radicale. La scène est un cube blanc, des vidéos en noir et blanc, sobres illustrent les pensées de Prospero. On est dans son univers mental. Un dénument qui sert l'écoute. Le texte devient limpide pour Robert Carsen : "il y a des gens qui, peut être, préféreraient voir ça comme une île déserte avec du sable et des palmiers ou des choses plus colorées. L'action est tellement étrange que si vous concrétisez trop, toute la magie disparaît. Il ne faut jamais que le public sache exactement où il est."

Prospero que Michel Vuillermoz rend terriblement humain, évolue de la rancœur vers le pardon. Shakespeare l'a entouré de deux personnages surnaturels, Ariel et Caliban. Dans cette mise en scène, ils incarnent les pensées contradictoires de leur maître. La farce fait place à l'introspection. Pour les comédiens, qui jouent sur un plateau vide, c'est périlleux, mais c'est ce que voulait Robert Carsen. "Je leur ait dit seulement une chose : il faut que vous vous sentiez toujours perdu. La seule personne qui connaisse cette île vraiment bien, c'est Caliban. Mais vous vous êtes tous des gens qui sont arrivés ou qui sont perdus. Donc j'ai dit, avant d'aller sur le plateau : 'dites-vous que vous ne savez pas où vous êtes'".

Le public adhère à cette vision de La Tempête, étonnement plus que la critique. Comme quoi la Comédie-Française, dirigée par Eric Ruf, évolue vraiment.

"La Tempête" de Shakespeare, mise en scène Robert Carsen, à la Comédie-Française jusqu'au 21 mai 2018.