"Après les Jeux paralympiques, faire une telle chose, c'est ubuesque" : l'incompréhension d'un entrepreneur face aux coupes budgétaires de l'Agefiph
Les députés macronistes ont déposé lundi un amendement commun contre la baisse de la dotation de l'Agefiph.
C'est une coupe budgétaire qui pose question. L'Agefiph collecte les fonds de toutes les entreprises de 20 salariés et plus qui n'emploient pas 6% de personne en situation de handicap, ce qui lui permet ensuite de financer des équipements ou des aménagements à des personnes handicapées qui travaillent. Dans le projet de loi de finances 2025, l'exécutif prévoit de fixer un plafond à cette dotation et de récupérer l'excédent des pénalités. Un excédent que les députés chiffrent à 100 millions d'euros, soit une coupe budgétaire d'un cinquième du budget de l'association selon des parlementaires ayant épluché le projet de loi.
C'est une décision incompréhensible pour Didier Roche, aveugle et entrepreneur. Il a eu besoin d'un dispositif particulier pour se lancer. "J'ai besoin de ce qu'on appelle un ordinateur braille avec un écran braille qui fait 80 caractères. Et ça, ça peut coûter entre 10 000 et 12 000 euros, détaille-t-il. Si vous ajoutez le logiciel qui permet d'aller chercher l'information à l'écran et d'envoyer vers mon écran braille et vers une synthèse vocale, ce sont des logiciels qui coûtent autour de 2 000 euros ou 2 300 euros en version professionnelle donc on est vite à 15 000 euros".
Une somme importante que le cofondateur du groupe de restaurants et spa "Dans le noir" n'aurait pas pu débourser sans l'aide de l'Agefiph qui a financé le logiciel dont il avait besoin. "Aujourd'hui, si je devais démarrer et que je devais refinancer ce dispositif qui m'a coûté une vingtaine de milliers d'euros et qu'on me dise au début de mon lancement de l'activité 'Didier, tu vas devoir payer 6 000 ou 7 000 euros', je n'aurais pas pu démarrer".
"On aspire tous à des rêves. La chance que l'Agefiph nous offre, c'est de pouvoir travailler. Pourquoi nous retirer cette chance-là ? Il faut donner aux gens les mêmes chances de réussir."
Didier, entrepreneurà franceinfo
Aujourd'hui encore, il continue de bénéficier d'une aide de l'Agefiph, mais il s'agit désormais d'une aide humaine, plus précisément appelée Reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH), qui l'assiste dans certaines tâches. "Mes yeux, ils ne sont pas là, ils ne seront jamais là, dit-il. Et quand je travaille sur des dossiers Excel par exemple, j'ai quand même besoin d'avoir des gens à côté de moi qui voient et qui me prêtent leurs yeux. Je finance une paire d'yeux".
Pour Didier, cette baisse de 20% de la dotation de l'Agefiph n'est donc pas acceptable. Il craint également un ralentissement à l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. "C'est un non-sens, ce truc, poursuit-il. Vous savez, quand vous êtes un employeur ou un entrepreneur, vous regardez si vous pouvez financer la dépense et, en face, la rentabilité que vous pouvez avoir. Donc si aujourd'hui on vous dit que vous avez un gros reste à charge, de 20 à 30%, les employeurs vont se poser la question."
Une incohérence selon les macronistes
"Après les Jeux paralympiques, faire une telle chose, c'est ubuesque, déplore-t-il. J'ose espérer que c'est une maladresse, qu'ils reviendront dessus rapidement". Didier a donc envie d'y croire et espère un retour en arrière sur cette décision.
En attendant, le groupe Ensemble pour la République a déposé un amendement lundi 14 octobre contre ces coupes budgétaires imposées à l'Agefiph. L'ébauche d'amendement, que franceinfo a pu consulter, juge "incohérent de réduire les moyens de l'organisme", alors que "le Premier ministre" fait "de la santé mentale la grande cause nationale de 2025".
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