Budget de la sécurité sociale : "Je ne suis pas enthousiasmé par certaines mesures faciles", déplore le député Horizons Frédéric Valletoux

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Article rédigé par franceinfo - Edité par l'agence 6Médias
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Invité politique de "La Matinale", Frédéric Valletoux, député Horizons et président de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée, aborde le futur budget de la Sécurité sociale.

Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne et président de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée, sera saisi à partir de mardi 21 octobre du budget de la Sécurité sociale.

Êtes-vous favorable au doublement des franchises médicales ?

Frédéric Valletoux : Je pense que toutes ces mesures-là ont besoin d'être discutées. Le projet de refinancement de la Sécurité sociale, c'est 670 milliards d'euros. Plus que le budget de l'État, on en parle souvent moins, mais c'est une énorme masse dans laquelle il y a beaucoup de mesures. Celle dont on va parler le plus, c'est sans doute celle sur les retraites. Mais il y a effectivement toutes les mesures de la santé.

On a l'impression qu'on se fait quand même un peu de l'argent sur le dos des malades.

On va dire que ce budget était plus préparé par les administrations que par les politiques et c'est lié au fait que les politiques ont cessé de bouger et que les gouvernements ont valsé. Et on retrouve, dans ce budget, des recettes qui sont des recettes faciles : aller les chercher effectivement sur le dos des patients. Ce sont souvent des recettes pour équilibrer le budget. Je pense qu'on peut remettre un peu de bon sens dans ce projet de loi.

"Il y a des sujets qui ne sont pas abordés dans le texte, et qu'on va aborder pleinement"

Vous n'êtes pas vraiment d'accord avec ces mesures ?

Non, je ne suis pas très enthousiasmé par ces mesures faciles. Mais par contre, il faut effectivement travailler pour aller plus loin. Par exemple, il n'y a rien sur la lutte contre le tabac.

Il y a des mesures sur le vapotage.

Oui, d'accord, mais qui ne sont pour moi pas forcément bien pensées en termes de santé publique puisque le vapotage est quand même une manière de sortir du tabac. Ce qu'il faut, c'est accélérer très concrètement la lutte contre le tabac, en augmenter le prix. Mais il y a aussi les sucres ajoutés sur le plan industriel, qui sont très mauvais en matière de santé publique. Donc il y a des leviers, il y a des sujets qui ne sont pas abordés dans le texte, qu'on va aborder pleinement et on démarre effectivement mardi (21 octobre).

Il y aura la suspension de la réforme des retraites, ça sera l'amendement gouvernemental qui a été ajouté au projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Vous le voterez ?

A priori, non. Mais là aussi, attendons de voir quel est le champ précis de cette suspension. On voit bien que derrière le mot suspension, tout le monde ne met pas le même sens. Certains, chez les socialistes notamment, mettent l'idée d'une suspension vers une abrogation. D'autres, par souci du compromis politique, se tiennent à une suspension la plus minimale qui soit. Et quel est le contour précis d'une suspension d'une réforme qui était multiple ? Ça n'est pas qu'une mesure d'âge, ça n'est pas que revenir en arrière sur la réforme sur les trimestres. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut regarder le champ précis de ce que sera le texte. Mais a priori, très sincèrement, c'est une mesure qui, économiquement, est injuste, est infondée, et surtout, n'est pas opportune. On baisse le pavillon alors même qu'on devrait assumer une réforme dont on sait qu'elle n'était pas suffisante. En 2023, lorsqu'on a fait cette réforme, on savait que pendant quelques années on allait redonner de l'oxygène au système de retraite, mais néanmoins que, à terme, ça ne suffirait pas. Cette capitulation est néfaste et donc on va la combattre pour proposer d'autres solutions.

Les socialistes ont l'impression qu'il y a peut-être une entourloupe avec cet amendement, tout simplement parce qu'il faudrait que l'ensemble du budget soit voté et qu'il n'y a plus de 49.3. Est-ce que vous pensez qu'il y aura la suspension de la réforme des retraites, qu'un budget de la Sécurité sociale peut être voté ?

Ce qu'il va falloir, c'est que les socialistes sortent d'une certaine forme d'ambiguïté. On ne peut pas, d'un côté, demander la suspension du 49.3 et l'obtenir, et ensuite ne pas imaginer voter un budget de financement de la Sécurité sociale dans lequel il y aurait la mesure de suspension de la réforme des retraites sous prétexte d'autres dispositions ou que l'ensemble du budget ne leur conviendrait pas. S'ils obtiennent l'un et l'autre, il va falloir qu'ils assument de voter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale parce qu'en l'absence de 49.3, à la fin des fins, après la commission mixte paritaire, quel que soit son avis, il faudra bien en ultime lecture que ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale trouve 51 % des députés pour le voter. Donc on va avoir besoin des socialistes. Et si jamais ils font défaut, alors là, il faudra qu'ils nous expliquent le jeu d'équilibriste et le jeu dangereux auquel ils pourraient être amenés à jouer.

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