Accessibilité des sites et applications : des associations de malvoyants menacent de poursuites judiciaires des acteurs de la grande distribution

Plusieurs associations avaient mis en demeure les principaux acteurs de la grande distribution sur l'accessibilité de leur site et de leur application. Les enseignes avaient jusqu'au 1er septembre pour agir, mais le compte n'y est toujours pas. Sans engagement de leur part, les associations engageront des poursuites.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des personnes font des courses dans un supermarché. Image d'illustration. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS via AFP)
Des personnes font des courses dans un supermarché. Image d'illustration. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS via AFP)

Bataille judiciaire entre des associations de malvoyants et la grande distribution. Plusieurs associations (Droit pluriel, Intérêt à agir et apiDV) dénoncent le manque d'accessibilité des sites de vente en ligne de quatre enseignes : Auchan, Carrefour, Leclerc et Picard. Pourtant, une directive européenne entrée en vigueur fin juin 2025 oblige les entreprises à commercialiser des produits et services accessibles à tous. 

Les associations ont mis en demeure ces enseignes de se mettre en conformité le 9 juillet, elles avaient jusqu'au 1er septembre pour le faire. Le délai est écoulé et, pour les associations, le compte n'y est pas. 

"On ne peut pas se débrouiller seul"

Pour faire ses courses, Anne-Sarah Kertudo prend son téléphone réglé en mode vocal. "Vous allez voir l'image, et moi je vais entendre la description de l'image, explique-t-elle. Si cela n'a pas été fait, ma souris bloque sur l'image et je ne veux pas avancer."

Mais rien à faire, la présidente de l'association Droit pluriel ne peut pas valider son panier. "Cela peut être sur la sélection des produits, sur le paiement, cela peut être tout à coup un écran qui apparaît et bloque tout. Donc vous avez déjà passé vingt minutes à faire toutes vos courses puis vous vous retrouvez complètement bloqué. On ne peut pas, de manière autonome, faire ses courses et se débrouiller seul".

"Il y a une façon de nous dire 'vous n'existez pas, vous ne comptez pas, vous n'êtes pas des clients crédibles, légitimes, on ne vous fait pas droit'"

Anne-Sarah Kertudo

à franceinfo

Les enseignes se défendent et avancent des taux d'accessibilité de plus en plus hauts : 71% pour Carrefour, 56% chez Picard. Erwann Robbe, coordinateur juridique de l'association Intérêt à agir, n'est pas convaincu. "L'accessibilité signifie que le site ou l'application soit perceptible, utilisable, compréhensible et robuste, en gros, que l'on puisse pleinement l'utiliser. On n’entend pas un taux", rappelle-t-il.

Sans un engagement clair des quatre enseignes, les associations engageront des poursuites judiciaires. Une démarche similaire avait permis en 2022 de rendre accessibles les logiciels de vie scolaire (notamment Pronote) et de faire condamner l'État français en 2024 pour son inaction sur le sujet.

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