Supermarchés : produits étrangers et substances interdites, les agriculteurs sonnent l’alerte

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Article rédigé par France 2 - L. Bazizin, M. Bouvier, S. Gerain, L. Pekez, S. Letournel, N. Jauson. Édité par l'agence 6Medias
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Face à la présence de produits étrangers et de substances interdites dans les rayons des supermarchés, des agriculteurs tirent la sonnette d’alarme. Ils dénoncent une concurrence déloyale et appellent à une mobilisation nationale pour défendre leurs exploitations et leur production.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Armés de chariots de supermarché remplis de tracts, des agriculteurs de Normandie se sont rendus le 23 septembre dans une grande surface de Guichainville (Eure) pour vérifier l'origine des produits. À l'heure du contrôle, les surprises se multiplient, laissant le directeur de magasin incrédule. "Aujourd'hui, vous nous donnez, sur les rayons, des salades, des bananes d'Afrique ou d'Amérique qui ne sont pas du tout spécifiées comme étant des produits français. Entre autres, elles sont traitées avec du chlordécone, interdit par l'État français. Est-ce que vous comprenez l'image de distorsion de ces garde-mangers ?" interpelle un agriculteur.

Parmi les produits pointés du doigt : des poires du Portugal, des pommes du Chili et même des pots de miel venus de Chine. Jean-Jacques Cardet, agriculteur sur place, explique pourquoi ces produits représentent une concurrence déloyale : "Les abeilles qui butinent ces cultures reçoivent des produits chimiques que nous, en France, n’avons plus le droit d’utiliser."

Des produits interdits toujours présents

Les agriculteurs soulignent également la présence de substances interdites dans certaines cultures. Le fipronil, par exemple, est interdit pour l’agriculture mais autorisé dans des colliers antiparasitaires pour chiens. Laurent Duclos, agriculteur de la région, se dit perplexe : "C'est un produit qu'on nous a retiré comme insecticide depuis au moins 15 ans pour nos cultures de maïs, et on le retrouve toujours dans le commerce aujourd'hui."

Autre produit interdit pour la production de betteraves sucrières : les néonicotinoïdes. Résultat, Laurent Duclos doit faire face à la jaunisse de la betterave, une maladie qui pourrait réduire la production de 25 à 30 % cette année.

Une mobilisation nationale en vue

Laurent Duclos élève également 60 vaches laitières, dont 25 destinées à la boucherie chaque année. Avec un prix du lait parmi les plus bas d’Europe et la concurrence des viandes venues d’Amérique du Sud, l’avenir de son exploitation s’annonce difficile : "Si nous n’arrivons plus à tirer un revenu décent de notre production laitière et de viande, ce sera une question de continuer ou non."

Face à ces inquiétudes, l’ensemble des agriculteurs se mobilisera vendredi prochain dans toute la France.

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