Contrôle généralisé des chômeurs : "on n'a qu'à arrêter de les contrôler et les accompagner"
"On essaie de nous faire croire que le problème du chômage, ce sont les chômeurs. Non, le problème du chômage, c'est l'absence d'emploi", pour Pierre-Édouard Magnan, de l’association Mouvement national des chômeurs et précaires.
Trois ans après la généralisation du contrôle des chômeurs, une étude de Pôle Emploi dévoilée lundi 20 août met en avant que 8% des chômeurs bénéficiaires de l'assurance-chômage ne cherchent pas activement un emploi.
"On n'a qu'à arrêter de contrôler les chômeurs et les accompagner", déclare mercredi 22 août sur franceinfo Pierre-Édouard Magnan, porte-parole de l’association Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP).
franceinfo : 8% de chômeurs qui ne cherchent pas activement un emploi, ça veut dire que 92% de chômeurs, soit une écrasante majorité, cherchent un emploi ?
Pierre-Édouard Magnan : C'est une évidence, il suffit de croiser une fois un chômeur dans une association ou dans un lieu de recherche d'emploi pour savoir qu'ils n'ont pas d'autre préoccupation que de trouver du boulot. On veut nous démontrer qu'une minorité absolument dérisoire ne fait pas ce que Pôle Emploi considère être des actes positifs de recherche d'emploi, ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que les gens ne cherchent pas de boulot mais qu'éventuellement ils ne sont pas en capacité de démontrer, preuve à l'appui, qu'ils le font. Quand on sait le nombre de chômeurs qui envoient des courriers auxquels ils ne reçoivent jamais de réponse, il faut relativiser la différence entre chercher un boulot et effectuer des actes positifs de recherche d'emploi selon Pôle emploi.
Ce que ça démontre aussi, c'est qu'on n'a qu'à arrêter de contrôler les chômeurs et les accompagner. Parfois on constate que les chômeurs contrôlés sont des chômeurs qui n'avaient pas vu Pôle emploi depuis plus d'un an. Bizarrement, dès qu'ils sont à nouveau accompagnés, ils retrouvent du boulot. Ce qui ressort enfin, c'est que c'est de la communication politique : une fois de plus, on essaie de nous faire croire que le problème du chômage, ce sont les chômeurs. Non, le problème du chômage, c'est l'absence d'emploi. Moins on est qualifié, moins on a de réseau, moins on a de contacts, plus on est fragile face au marché de l'emploi et moins on a de chances d'en trouver un, et donc plus vite on se décourage, plus vite on est exclu du système. D'autant que lorsqu'on a eu des petits boulots, on a eu des petits salaires, donc on a une petite indemnisation. Quand on est préoccupé chaque jour par comment on va manger et payer le toit au-dessus de sa tête, il est évident qu'on n'a pas tellement la tête à la recherche d'emploi.
Quelles sont les démarches à faire en cas de contrôle ?
Une partie des chômeurs est contrôlée mais ne le saura jamais, car ça commence par une observation des espaces personnels sur le site de Pôle emploi. Si le contrôleur a des doutes, le chômeur reçoit un questionnaire à remplir, où il doit manifester ses actes volontaires de recherche d'emploi, les CV que vous envoyez, si vous avez suivi des formations... Le taux de demandeurs d'emploi qui ne cherchent pas d'emploi est plus élevé parmi les non indemnisés, parce que quand ça fait deux, trois, quatre ans que vous cherchez et que vous ne trouvez rien, à un moment vous lâchez l'affaire et essayez de survivre avec l'ASS ou le RSA, c'est-à-dire 500 euros par mois. Chercher un emploi demande aussi un minimum de sérénité financière et économique.
Dans ces 8% de chômeurs qui ne cherchent pas activement d'emploi, la proportion est beaucoup plus forte chez ceux qui ont le moins de diplômes, ceux qui sont le plus éloignés du marché du travail : est-ce que c'est un phénomène de découragement qui explique cela ?
Le premier phénomène, c'est qu'il n'y a pas suffisamment d'emplois pour tout le monde. Comme il n'y a pas d'emploi pour tout le monde, il y a un phénomène de découragement qui est évidemment regrettable mais humainement parfaitement légitime. Après, il est évident que quand vous êtes un cadre avec du réseau et des diplômes, vous retrouvez mécaniquement plus facilement un emploi que quand vous avez effectué pendant dix, quinze ans une tâche basique et que vous vous êtes retrouvé du jour au lendemain victime d'un licenciement économique. Le vrai problème est un problème d'accompagnement vers l'emploi.
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