France Travail : "Le RSA doit être inconditionnel", réagit le mouvement national des chômeurs et des précaires
Pierre-Édouard Magnan rappelle que l'accompagnement promis par le nouveau dispositif lié à France Travail est "un droit qu'on est aujourd'hui incapable de fournir" aux bénéficiaires.
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"Sur le principe, on y est totalement hostile", réagit sur franceinfo Pierre-Édouard Magnan, président du Mouvement national des chômeurs et des précaires, après les annonces du haut-commissaire à l'emploi, Thibaut Guilluy, qui présente mercredi 19 avril son rapport sur France Travail. Cette nouvelle entité qui doit succéder à Pôle emploi en 2024.
Dans son rapport, il préconise que tous les allocataires du RSA s'inscrivent à Pôle emploi et effectuent 15 à 20 heures "d'insertion" par semaine pour conserver leur revenu de solidarité active, soit 607 euros par mois pour une personne seule.
franceinfo : 15 à 20 heures d'activités obligatoires par semaine pour les bénéficiaires du RSA, qu'en pensez-vous ?
Pierre-Édouard Magnan : Sur le principe, on y est totalement hostile. À nos yeux, le RSA, qui est un minimum survie, doit être inconditionnel. 607 euros par mois, c'est le minimum que la société doit garantir à quelqu'un pour qu'il essaie de ne pas mourir de faim. Même en ajoutant quelques allocations familiales et la complémentaire santé, on est largement sous le SMIC.
"Quand j'entends le haut-commissaire dire que ces 15 à 20 heures d'insertion, 'c'est de l'accompagnement, du bénévolat, de la formation', je me marre !"
Pierre-Édouard Magnan, président du Mouvement national des chômeurs et des précairesà franceinfo
Vous n'y croyez pas ?
Il n'y a que 40% des allocataires qui sont inscrits à Pôle emploi et qui sont suivis avec un mail, un rendez-vous et un coup de fil, si demain, on veut mettre en place un véritable accompagnement pour 2 millions d'allocataires du RSA, il va falloir commencer par embaucher un sacré paquet de conseillers. Il va falloir mettre un sacré paquet de moyens sur la table. Les formations, aujourd'hui, ce n'est pas open-bar ! C'est beaucoup plus compliqué qu'on ne le pense.
Ensuite, l'accompagnement des bénéficiaires du RSA, c'est un droit. En théorie, ils y ont droit. Là, on nous explique qu'on veut les obliger à exercer un droit qu'on est aujourd'hui incapable de leur fournir. On se moque un peu du monde !
Si ces moyens sont mis en place, est ce que vous pensez que ces heures d'activité peuvent contribuer à retrouver un emploi ?
Si on enlève le principe de l'obligation qui est scandaleuse et si on met les moyens, évidemment qu'on sera favorable à ces heures d'accompagnement et de formations. Un accompagnement librement choisi pour construire un parcours personnel de retour vers l'insertion, tout le monde est pour ! Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'au moment de la création du RMI, on disait déjà que les 'RMIstes' devaient être inscrits à l'ANPE. Cela fait 34 ans qu'ils sont censés tous être inscrits dans le service public de l'emploi et qu'ils ne le sont pas. C'est aussi pour une vraie raison. Il y a plein de gens à Pôle emploi qui ne veulent pas de ces allocataires, parce qu'ils ne savent pas comment les traiter ni quoi leur proposer. C'est ça aussi la réalité.
Vous trouvez que cela donne une mauvaise image du bénéficiaire du RSA ?
Oui, je trouve que vis-à-vis des précaires et des chômeurs en général, les allocataires du RSA en particulier, il y a une démarche très infantilisante. Ce sont ou des fainéants délibérés ou des grands enfants qu'il faudrait guider d'une main sévère, mais juste.
Ça rappelle ce que l'on écrivait des peuples colonisés à la fin du XIXe siècle dans les manuels scolaires. C'est exactement le même type de raisonnement. Ce sont des gens qui ne savent pas se prendre en main et qui ont besoin qu'on les aide. C'est le mythe de l'allocataire du RSA qui passe sa journée en survêt sur son canapé.
Ce serait quoi la bonne méthode ?
Des moyens. Des personnes, des êtres humains, pour accompagner les gens. Il faut développer aussi une offre de formation et faire, non pas à la place des gens, mais avec eux pour qu'ils construisent eux-mêmes leur parcours. Cela prend du temps. Il faut les accueillir sereinement et qu'ils construisent avec un conseiller leur retour à l'emploi. Du temps et des moyens.
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