Pourquoi les factures d'eau sont-elles de plus en plus chères ?

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Article rédigé par France 2 - S. Piard, G. Le Goff, K. Guyomard, C. Bienenfeld - Édité par l'agence 6Medias
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Derrière le prix global, des taxes et des investissements pour rendre l'eau plus propre. Explications.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Derrière un verre d'eau se cache beaucoup de technologie. Car rendre l'eau potable coûte cher. Et de plus en plus cher. Dans la Loire-Atlantique, Patrick Launay, habitant de Saffré, scrute l'augmentation du m3 d'eau : "En 2022, on était à 1,29 euros, et 2025, on est à 1,46 euros", constate-t-il, soit une vingtaine d'euros en plus par an à débourser. "La facture a augmenté d'une année sur l'autre, mais on n'a pas le choix. C'est un service tellement pratique d'avoir de l'eau chez nous à tout instant, en ouvrant le robinet, que je vois mal comment on peut s'en passer", admet-il. En ajoutant taxes et redevance, le m3 d'eau potable a augmenté de 12% en 3 ans.

Ce qui coûte de plus en plus cher, ce sont notamment les nouvelles technologies pour neutraliser les produits dangereux, comme les pesticides. À Saffré, l'eau vient de la nappe souterraine. Il faut plusieurs étapes de filtration pour la rendre potable. Dernier investissement : trois nouvelles cuves ultra modernes. Sur deux mètres de hauteur, des petits grains de charbon. L'eau va mettre dix minutes à traverser la couche. Au bout, quasiment plus de pesticides. Mais il a fallu y mettre le prix.

"L'installation en tant que telle, c'est 550 000 euros. Le renouvellement des trois filtres, ça coûte à peu près entre 80 et 100 000 euros, à chaque renouvellement. Et aujourd'hui, du coup, c'est l'expérience qui va déterminer si on va les renouveler trois, quatre fois par an", explique Nicolas Faucheux, responsable du service gestion du patrimoine Atlantic'eau.

Le financement d'une agriculture dépolluée

Si la facture d'eau augmente, c'est aussi parce que les agriculteurs touchent de l'argent. Objectif, éviter de contaminer les captages d'eau : 1,9 million d'euros sur 5 ans pour qu'ils utilisent moins de pesticides. "C'est une somme, certes, mais les charbons actifs sont également une somme. Les filières de traitement qu'on doit mettre en place sont extrêmement importantes. Donc on préfère accompagner les agriculteurs en amont plutôt que de faire du traitement en aval", pointe Jean-Luc Grégoire, vice-président d'Atlantic'eau.

Sur une centaine d'agriculteurs, 24 se sont lancés. Parmi eux, Jean-Luc Saffré, agriculteur à Puceul (Loire-Atlantique). Aujourd'hui, il élimine du colza séché avant de nouveaux semis. Il perçoit 20 000 euros par an pour ses efforts. "Je pourrais venir avec un pulvérisateur, avec un herbicide qui s'appelle le glyphosate, mais on fait le choix de le faire mécaniquement, ça nous coûte plus cher. Au pulvérisateur, je le ferais en une demi-heure, alors que là, je vais passer 3h30, 4h à faire le même champ", explique-t-il.

"Le pollueur doit payer"

Sur cette zone, déjà 30 % de produits chimiques en moins. Les producteurs bio touchent également de l'argent. Benoît Gautier n'utilise ni herbicide ni insecticide. Il reçoit 12 000 euros par an. Sans ce soutien financier, cet éleveur de vaches limousines avoue qu'il aurait du mal à s'en sortir. Pour lui, la dépollution de l'eau devrait d'abord être financée par l'agriculture conventionnelle.

"Pour moi, le pollueur doit payer. Donc en ce moment, on fait payer, je pense, aux consommateurs le traitement de l'eau. Et en plus, le consommateur paie des impôts qui permettent d'entretenir une agriculture polluante. Donc ce n'est peut-être pas tout à fait juste, non ?", interroge-t-il. Le territoire espère que d'ici 2040, plus aucun pesticide ne sera utilisé au-dessus de la nappe d'eau de la Saffré.

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