Reconnaissance faciale : "Il va falloir qu'on arrête de considérer les citoyens comme des cobayes", estime La Quadrature du Net
La Cnil s'oppose à l'expérimentation du dispositif dans deux lycées à Nice et Marseille. Benoît Piedallu, membre de La Quadrature du Net juge que "cette technologie est inacceptable dans notre champ politique" et "ne doit pas être utilisée".
La reconnaissance faciale à l'entrée des lycées porte une atteinte trop grande à la vie privée selon la Cnil, le gendarme français des données personnelles, qui s'oppose mercredi 30 octobre à une expérimentation qui devait avoir lieu dans deux lycées de la région Paca, à Nice et à Marseille. "Il va falloir qu'on arrête de considérer les citoyens comme des cobayes", estime mercredi 30 octobre sur franceinfo Benoît Piedallu, membre de la Quadrature du Net, l'une des associations qui ont formé un recours contre ce dispositif.
franceinfo : Quel est le problème avec la reconnaissance faciale ?
La Quadrature du Net : Il y a énormément de problèmes avec la reconnaissance faciale. Aujourd'hui, elle est utilisée dans l'application Alicem, pour faire de l'identification, elle est utilisée pour ouvrir vos téléphones mobiles... Le problème, c'est l'habitude qu'on prend avec cette technologie, à se dire que notre visage peut-être une clé qui nous permet d'accéder à un certain nombre de choses. Or cette clé, on ne peut pas en changer. C'est quelque chose qui est associé à notre corps. Cela pose des problèmes de sécurité. En outre, la reconnaissance faciale peut être utilisée dans l'espace public pour savoir qui est où et à quel moment, ce qui pose de très gros problèmes politiques, de surveillance généralisée. Il y a un usage de cette technologie qui pourrait être totalement disproportionné et liberticide. Ce qu'on veut, c'est dès à présent dire que cette technologie est inacceptable dans notre champ politique, et dire qu'elle ne doit pas être utilisée.
Le président LR de la région Paca, Bruno Muselier, et le maire de Nice, Christian Estrosi, ont vivement critiqué cette décision. La Cnil a-t-elle du retard ?
Les hommes politiques qui souhaitent utiliser ce type de technologie ne comprennent même pas qu'ils sont dans le solutionnisme technologique. Ils pensent pouvoir régler des problèmes politiques et sociétaux avec de la technologie, sans se poser la question de savoir d'où viennent ces problèmes. En plus, ils ne comprennent pas le rôle de la Cnil, qui n'est pas d'accompagner des expérimentations sur des futures technologies, mais de protéger les données personnelles des citoyens.
La Cnil a également fortement recommandé à la mairie de Saint-Etienne de faire marche arrière sur un autre dispositif, des capteurs sonores installés dans les quartiers sensibles, pour alerter les forces de l'ordre en cas de débordement, mettant en avant un manque de cadre législatif. La loi a-t-elle un temps de retard ?
Au contraire, la loi protège nos libertés et l'usage de nos données. Ce qu'on voit, c'est que la Cnil, qu'on attendrait plus ferme, rend cet avis qui est non contraignant. C'est très bien que la mairie recule sur ces projets-là, voyant que le gendarme des données personnelles lui donne tort, mais il est dommage que la Cnil ait perdu un pan de son pouvoir. Cela reste un champ de bataille sur le déploiement de ces technologies. Il y a des smart caméras qui sont encore déployées à Toulouse, à Valenciennes, dans le même ordre d'idées : détecter des événements dans l'espace public. Il va falloir que la Cnil continue sur cette lancée, en expliquant aux maires que ce n'est pas possible. Il va falloir qu'on arrête ce solutionnisme technologique, et arrêter d'utiliser du big data et de l'intelligence artificielle pour aller suivre les citoyens, les considérer comme des cobayes, et considérer que tout le monde est par essence coupable, en demandant aux gens de prouver par leur comportement qu'ils sont innocents.
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