Reprise des recherches pour retrouver le sous-marin "La Minerve" : "On a l'impression d'achever une quête"
"C'est le combat de toute une vie, celui de toutes les familles", raconte Hervé Fauve, le fils du commandant de "La Minerve", ce sous-marin qui a coulé en 1968. Les recherches reprennnent jeudi pour tenter de le retrouver.
"On a l'impression d'achever une quête", a témoigné sur franceinfo jeudi 4 juillet Hervé Fauve, fils du dernier commandant de La Minerve. Les recherches ont repris jeudi à Toulon pour retrouver l'épave du sous-marin disparu en 1968. L'appareil avait coulé en quelques minutes avec 52 membres d'équipage à bord. L'épave n'a jamais été retrouvée.
franceinfo : Quels souvenirs gardez-vous de ce 27 janvier 1968 ?
Hervé Fauve : Je me souviens de l'annonce de la nouvelle à ma mère. J'avais cinq ans et demi. Deux hommes ont sonné à la porte. J'ai suivi ma mère qui a ouvert la porte. Il y avait deux hommes en uniforme, ce qui était plutôt inhabituel car, même quand des officiers de marine nous rendaient visite, ils étaient en civil. Ils sont allés ensemble dans le salon et, quelques secondes après, j'ai vu ma mère s'écrouler en sanglots. Immédiatement, elle m'a dit : 'Ton père est mort.'
Les recherches ont duré des mois, avant d'être arrêtées pendant 50 ans. Vous avez finalement obtenu la reprise de recherches, est-ce le combat d'une vie ?
C'est le combat de toute une vie, mais ce n'est pas seulement mon combat. C'est celui de toutes les familles. Depuis 50 ans, les parents des marins, leurs frères, leurs sœurs et leurs enfants se sont battus. Malheureusement, aujourd'hui la plupart des parents sont décédés. Il n'en reste que cinq ou six. Tous ont espéré deux choses : savoir où repose l'épave et savoir ce qui s'est produit pour expliquer cette disparition soudaine, sur laquelle on n'a jamais eu la moindre information. On se heurtait à un mur, c'est-à-dire qu'à chaque fois que l'un des membres d'une des familles essayait d'avoir une explication, on lui opposait le 'confidentiel défense'. Jusqu'au début de cette année, nous n'avons jamais eu la moindre information directement de la marine, ni de l'armée. Il y avait une espèce de réflexe de la part de l'institution militaire, qui veut que tout ce qui touche au militaire soit automatiquement classé défense mais il n'y avait pas de prise en compte de la douleur des familles.
Avez-vous l'espoir de retrouver enfin l'épave ou au moins des indices au fond de la mer ?
Oui. Nous avons eu une présentation à la préfecture maritime de Toulon, où on nous a donné le détail des opérations. Ils ont repris tout le dossier à zéro, en réexaminant tous les indices qui avaient été recueillis en 1968. À partir de là, ils ont conclu qu'il fallait chercher beaucoup plus au sud que la zone sur laquelle on avait fait toutes les investigations jusqu'à alors. Je dois avouer qu'à titre personnel, j'ai été impressionné par tout le travail d'analyse qui a été fait et dont on espère qu'il va porter ses fruits dans les jours ou les semaines qui viennent. On a l'impression d'achever une quête qu'on a entreprise il y a 51 ans pour savoir où reposent nos parents.
La Minerve a coulé en trois minutes. Quelle est votre conviction sur ce qui a provoqué le drame ?
Le sous-marin a été écrasé par la pression, ce qui exclut toutes les hypothèses qui avaient couru à l'époque, disant qu'il avait pu être victime d'une torpille ennemie d'un sous-marin russe ou qu'il y ait eu un accident à bord qui aurait fait exploser le sous-marin. Ma conviction est qu'il y a eu une avarie de barre arrière, ce gouvernail qui oriente le sous-marin en profondeur dans la mer. Il aurait lâché. Le sous-marin aurait piqué du nez et il serait descendu très rapidement en profondeur. En trois minutes, il aurait atteint une profondeur à laquelle il aurait été écrasé par la pression. Ce qui me laisse surtout penser ça, c'est que le sous-marin a implosé et qu'il n'a fallu que trois minutes pour que tout soit réglé. Cela exclut un certain nombre d'hypothèses.
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