Compte pénibilité : "C'était sans doute complexe, il y a un prix à payer au fait que ces réformes se mettent en œuvre"
Pour l'ancien conseiller social de François Hollande, Michel Yahiel, invité sur franceinfo lundi, la réforme du compte pénibilité est "un retour à ce qui existait en 2010 en plus favorable".
Édouard Philippe a annoncé samedi 8 juillet aux partenaires sociaux une réforme du compte pénibilité, voulu par François Hollande et prévu pour entrer en vigueur en 2018. Il devient "le compte de prévention" et perd quatre de ses critères : les postures pénibles, l'exposition au bruit, au vibration et à divers agents chimiques.
Pour Michel Yahiel, ancien conseiller social de François Hollande et commissaire général de France Stratégies, "ce n'est pas une suppression de la réforme" mais "un retour à ce qui existait en 2010 en plus favorable". "La grande difficulté, c'est de combiner la protection des salariés et la faisabilité" du dispositif, a-t-il estimé lundi sur franceinfo.
franceinfo : Pour vous, cette suppression de certains critères du compte pénibilité est un cadeau aux patrons ou un virage normal ?
Michel Yahiel : Ce n'est pas une suppression. Il y a quatre critères qui seront traités différemment. On relèvera d'un système plutôt médicalisé où, en fonction du risque que vous avez encouru, vous bénéficierez de points. C'est un retour à ce qui existait en 2010, en plus favorable. Ce sera globalement protecteur et permettra d'accumuler des points, soit pour partir en retraite plus tôt, soit pour engager une formation, soit pour un autre projet professionnel. La grande difficulté, c'est de combiner la protection des salariés et la faisabilité. Qu'aurait-on dit si les petites et moyennes entreprises du BTP ne s'étaient pas retrouvées en mesure d'appliquer ces critères et de faire en sorte que leurs salariés en bénéficient ?
Vous saviez que son application allait être compliquée ?
On avait beaucoup simplifié. On vient de loin en matière de pénibilité, il n'y avait rien, ou si peu. En 2012, il y avait 5 000 bénéficiaires de ce dispositif. Aujourd'hui ce sont des centaines de milliers. Cette réforme n'avait pas vocation à simplifier la vie des entreprises. Elle n'avait pas non plus vocation à la complexifier. La prévention revient en force dans le débat et les partenaires sociaux ont intégré cette innovation, plutôt bienvenue en tant que telle. C'était sans doute complexe. On ne peut pas à la fois améliorer radicalement la protection des uns et en même temps simplifier radicalement la gestion des autres. Il y a un compromis, en matière sociale le compromis est souvent bienvenu.
Le changement du compte de pénibilité, la possible fin du tiers payant obligatoire ou du jour de carence..., avez-vous l'impression que l'on déshabille le quinquennat de François Hollande ou qu'on l'adapte ?
Avec France Stratégies, nous réfléchissons à la France à l'horizon de 5, 10 ou 15 ans et je ne pense pas qu'il y ait eu de modification fondamentale. Ce qui compte c'est que ces réformes ne perdent pas leur esprit originel lorsqu'elles ont été approuvées sur le plan législatif et par les partenaires sociaux. Mon sentiment personnel et que rien n'est perdu et il y a un prix à payer au fait que ces réformes se mettent en œuvre. Je suis plus attaché à leur mise en œuvre qu'au fait de les garder dans leur pureté originelle et de les mettre dans un tiroir. La discussion est un processus permanent. Le dialogue social n'est jamais une perte de temps. Ce n'est pas un jardin à la française, le dialogue social ! Ce qui compte c'est que les gens se mettent d'accord et qu'au bout du bout on ait un équilibre qui satisfasse, sinon tout le monde, du moins la majorité.
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