"Je n'ai toujours pas décidé" : le dilemme des salariés face au sacrifice d'une journée de salaire le 18 septembre

L'intersyndicale appelle à une mobilisation massive jeudi contre les économies proposées par le gouvernement sortant. Dans les services publics, comme les transports, malgré la perte de salaire, la grève devrait être très suivie. Dans les entreprises et dans l'industrie, si les salariés soutiennent les mots d'ordre, certains hésitent à répondre à l'appel.

Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des tags à Grenoble appelant à une "révolte générale", lors de la mobilisation citoyenne du 10 septembre 2025, "Bloquons tout". (JUIEN BALIDAS / RADIO FRANCE)
Des tags à Grenoble appelant à une "révolte générale", lors de la mobilisation citoyenne du 10 septembre 2025, "Bloquons tout". (JUIEN BALIDAS / RADIO FRANCE)

Ces travailleurs rencontrés à la sortie de l'usine Verallia-Vauxrot, un site de fabrication de bouteilles en verre à côté de Soissons, dans l'Aisne, soutiennent largement la mobilisation prévue le 18 septembre contre le projet de budget. "Ce sont toujours les travailleurs qui doivent payer le prix fort pour tout le monde. À un moment donné, il faut que ça bouge", lance David.

"Il y en a vraiment marre. Ils nous prennent pour des pigeons depuis des années", se désespère Hugo. "Déjà, on ne touche pas à mes jours fériés", renchérit David, même si le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a d'ores et déjà annoncé qu'il renonçait à la mesure proposée par son prédécesseur, François Bayrou. "Mais il n'y a pas que ça, poursuit David. On nous gèle les salaires. Il y a un petit ras-le-bol général", résume-t-il.

"Ça sert à quelque chose ?"

Mais pour autant, David et Hugo, feront-ils grève jeudi ? "J'ai déjà fait grève le 10, confie le premier. Jeudi, je ne sais pas. Je n'ai toujours pas décidé". Les syndicats et les autorités s'attendent à une "journée noire" contre les mesures budgétaires annoncées cet été, plus conséquente que la mobilisation citoyenne du 10 septembre "Bloquons tout". Plus de 250 manifestations et rassemblements sont prévus, soit presque autant que lors des manifestations contre la réforme des retraites en 2023 qui avaient rassemblé entre 280 000 et plus d'un million de personnes. Mais, comme beaucoup d'autres, Hugo se demande si "franchement, ça sert à quelque chose".

Cette question, Cédric Martin l'entend en effet beaucoup depuis deux ans. Représentant de la CFDT en Picardie, il est venu devant l'usine Verallia-Vauxrot pour distribuer des tracts. "Les gens avaient soutenu la cause pour la réforme des retraites et on a vu que les grèves n'ont pas donné de résultats. Donc aujourd'hui, le salarié se pose la question. 'Oui, je suis contre ça, mais si j'y vais, je perds encore une journée de salaire et in fine, qu'est-ce que je vais avoir' Je leur explique qu'il ne faut pas baisser les bras". Ne pas baisser les bras, pour obtenir un "budget plus juste", affirme Cédric Martin. C'est le mot d'ordre de l'intersyndicale pour jeudi.

Le dilemme des salariés face au sacrifice d'une journée de salaire le 18 septembre. Reportage de Lauriane Delanoë

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