"Nous nous sentons trahis" : les kinésithérapeutes en colère contre le blocage de la revalorisation des tarifs

Les professionnels de santé libérale manifestent dans toute la France contre les mesures d’économies imposées par le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Une manifestation de kinésithérapeutes, en juillet 2018, à Paris. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)
Une manifestation de kinésithérapeutes, en juillet 2018, à Paris. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Nous nous sentons trahis", dénonce, mardi 1er juillet, sur franceinfo Sébastien Guérard, kinésithérapeute, président de la Fédération de syndicats des Masseurs-kinésithérapeutes (FFMKR) et de l'Union Nationale des Professionnels de Santé (UNPS), alors que les professionnels de santé libérale manifestent dans toute la France contre les mesures d’économies imposées par le gouvernement. Ils protestent notamment contre "le blocage" de la revalorisation de leurs tarifs.

"Nous nous sentons trahis parce que les mécanismes législatifs prévoient normalement une anticipation de cette charge financière. Dix jours avant ces revalorisations, on nous en prive alors que la profession a déjà perdu 20% de pouvoir d'achat en dix ans", explique Sébastien Guérard.

Les kinésithérapeutes "sont complètement essorés"

La décision a été annoncée il y a dix jours, à la suite du comité d’alerte sur l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) qui a dénoncé un dérapage des dépenses de santé. Pour le président de la FFMKR, "c'est lié en grande partie par des dérapages hospitaliers", ainsi qu'à "une explosion des indemnités journalières et des arrêts de travail" et "des économies qui n'auraient pas été réalisées en suffisamment grande quantité sur le médicament. Trois secteurs sur lesquels les kinésithérapeutes ne peuvent absolument pas intervenir", insiste-t-il.

Face à la stagnation des tarifs, la situation économique des kinésithérapeutes se dégrade. "Ils sont complètement essorés. 20% de perte de pouvoir d'achat en dix ans, c'est énorme. Une inflation qui augmente avec des coûts, des charges qu'on n'arrive pas à répercuter sur nos tarifs puisqu'ils sont complètement encadrés", poursuit Sébastien Guérard.

En conséquence, certains pratiquent le dépassement d'honoraires, 15% des kinésithérapeutes. "C'est malheureusement illégal et pas prévu par la convention, mais ils n'ont pas le choix. La tutelle le tolère parce qu'elle sait pertinemment que sans dépassements d'honoraires, nous n'aurions plus de kinésithérapeutes dans les grandes villes", observe-t-il.

D'autres professionnels, pour maintenir leur niveau de vie, "multiplient les actes". Selon lui, "c'est au détriment de la pertinence des soins. De notre point de vue, ce n'est absolument pas acceptable", conclut Sébastien Guérard.

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