"On est au bord de la faillite" : des professionnels et particuliers manifestent contre les retards de paiement de MaPrimeRénov'

Malgré les promesses de soutien de l’État, les dysfonctionnements de MaPrimeRénov' épuisent les entrepreneurs et les bénéficiaires de cette aide à la rénovation énergétique, ce qui les met en grande difficulté économique.

Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
MaPrimeRénov', une aide de l'État pour réaliser des travaux de rénovation énergétique au sein du logement. Photo d'illustration. (JOHAN BEN AZZOUZ / MAXPPP)
MaPrimeRénov', une aide de l'État pour réaliser des travaux de rénovation énergétique au sein du logement. Photo d'illustration. (JOHAN BEN AZZOUZ / MAXPPP)

Un rassemblement est prévu  lundi 12 mai à Paris devant l'Agence nationale de l'habitat (Anah) l'opérateur de l'État chargé de verser les fonds de MaPrimeRenov'. Ce dispositif a déjà permis de financer les travaux de rénovation énergétique de près de 2,5 millions de logements depuis 2020. Mais les particuliers et chefs d'entreprise qui vont manifester dénoncent des dysfonctionnements dans le versement des primes, d'autant plus ces derniers mois.

À l'initiative de ce rassemblement, il y a Thierry Flak, patron d'une entreprise de travaux de rénovation énergétique : "Là, on est au bord de la faillite parce qu'on me doit plus de 800 000 euros", dénonce-t-il, en pointant du doigt l'Etat.

Ce patron du Val-de-Marne dénonce notamment des retards ou refus de paiements des primes. "Je suis mandataire financier, on avance les travaux pour les clients et l'Etat est censé me payer, mais aujourd'hui, les délais de paiement sont lunaires, déplore-t-il. On est dans une situation où on a dû se séparer de plus de 14 collaborateurs alors qu'on était 25 jusqu'en septembre 2024. On avait une agence à Nice qu'on a dû fermer au mois de janvier. On a une agence à Cambrai qu'on a fermé au mois de février et on réduit les charges pour essayer de tenir."

"Les moyens sont totalement insuffisants"

Les délais se sont allongés ces derniers mois, reconnaît l'Anah, surtout en raison des contrôles, renforcés contre la fraude. Ils visent les entreprises, et les particuliers comme Cindy, 36 ans.

Cette Vosgienne vient de recevoir sa prime, après deux ans de procédure. "Pour 8 550 euros, je n'allais pas lâcher, déclare Cindy. C'était l'angoisse en fait. Nous, on voyait qu'on n'avait pas le budget pour terminer la maison. On a fait une petite rallonge auprès de la banque. On a dû prendre un petit peu d'argent sur le compte de nos enfants et quand on a récupéré la prime, on les a remboursés."

Cindy a fait appel à Joyce Pitcher, une avocate spécialiste dans ces dossiers. Elle en a 2 500 en cours, essentiellement des entreprises. Si elle assure comprendre les contrôles, la spécialiste pointe une désorganisation : "Les moyens qui sont mis en œuvre pour réaliser les contrôles sont totalement insuffisants. On voit bien que le personnel n'est pas forcément formé. On voit sur un dossier qu'il y a plusieurs personnes différentes qui peuvent passer. Il y a quand même un vrai problème organisationnel autour de tout ça."

L'Agence nationale de l'habitat assure tout mettre en œuvre en ce moment pour réduire les délais.

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