Immobilier : environ un quart des locataires avoue avoir déjà menti sur son dossier de candidature

Face aux difficultés de trouver un logement, de nombreux candidats locataires acceptent des conditions abusives de la part de bailleurs ou s'adonnent eux-mêmes à des pratiques parfois illégales, relève une enquête publiée mercredi par l'organisme Flashs. Des comportements qui se banalisent et nourrissent une défiance réciproque.

Article rédigé par franceinfo
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Une vue sur des immeubles à Paris, le 3 mars 2025. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)
Une vue sur des immeubles à Paris, le 3 mars 2025. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Une rentrée marquée par un marché locatif toujours plus tendu. À tel point que les locataires, comme les propriétaires, sont de plus en plus nombreux à flirter avec l'illégalité lors de la constitution d'un dossier, selon une enquête de l'organisme Flashs menée avec Zelok, dévoilée mercredi 3 septembre. Le logement "devient le terrain d'arrangements contraints qui fragilisent la confiance entre acteurs", souligne notamment l'étude, qui a porté sur 2 000 Français, locataires (passés ou actuels) ou propriétaires.

Le loyer pèse lourdement sur le budget d'un locataire : "41% des locataires actuels consacrent plus d'un tiers de leurs revenus nets au paiement du loyer", rappelle l'étude. Cette pression financière couplée à la saturation du marché locatif provoque plusieurs effets pervers qui minent la confiance entre loueurs et bailleurs.

Cela conduit par exemple de nombreux Français à accepter des demandes peu scrupuleuses ou illégales de la part de propriétaires ou d'agences. Certains réclament "plusieurs mois de loyer à l'avance (44%), le versement d'un dépôt de garantie supérieur à la limite légale (60%), ou la transmission de documents complémentaires parfois jugés intrusifs (42%)".

De leur côté, les bailleurs veulent se prémunir contre les impayés et reconnaissent, à peu près dans les mêmes proportions, rehausser leurs exigences financières : "58% imposent un dépôt supérieur au plafond légal en location nue ou meublée, et 39% demandent plusieurs mois de loyer d'avance", relève l'enquête, alors que "la moitié des bailleurs interrogés admettent réclamer des documents supplémentaires (relevés bancaires, attestations…)."

Fiche de paie trafiquée et clauses abusives

Près des deux tiers des locataires interrogés ont déjà eu recours à des "pratiques financières spécifiques" pour optimiser leurs chances d'obtenir un logement. Parmi eux, certains ont versé un acompte (39%), présenté plusieurs garants (38%) ou payé plusieurs mensualités à l'avance (31%). L'étude relève également que plus de quatre locataires (actuels ou passés) sur dix reconnaissent qu'il est "difficile" d'obtenir un logement sans accepter des pratiques abusives, comme un "loyer plus élevé", des "clauses abusives", ou des "paiements non déclarés". Ils sont 22% à affirmer que c'est même une nécessité pour se loger. Le gros tiers restant (36%) assure refuser tout compromis.

Par ailleurs, de nombreux candidats à un logement reconnaissent donner de fausses informations dans le dossier : plus d'un quart (26%) admet l'avoir déjà fait. Ils font par exemple croire à une situation personnelle différente (16%), comme se dire en couple alors qu'ils sont célibataires, ils dissimulent leur origine (14%) ou encore gonflent leurs revenus à travers une fiche de paie trafiquée (12%). Des pratiques plus courantes parmi les jeunes, souligne l'enquête, puisque chez les 18-24 ans, "ils sont 21% à avoir présenté une fausse fiche de paie et 19% à avoir fourni un faux contrat (CDI ou CDD prolongé)".

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