Taxe Zucman : la gauche compte maintenir la pression sur le gouvernement alors que la proposition de loi est examinée jeudi au Sénat

La proposition de loi, qui vise à imposer une partie des ménages les plus riches, est examinée au Sénat jeudi. Il n'est pas certain qu'elle reçoive le même soutien qu'à l'Assemblée, où elle a été adoptée en février.

Article rédigé par franceinfo
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Le Sénat, le 5 mars 2025 à Paris. Image d'illustration. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)
Le Sénat, le 5 mars 2025 à Paris. Image d'illustration. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

Les sénateurs examinent jeudi 12 juin la taxe Zucman, qui vise à instaurer un impôt plancher pour les contribuables les plus fortunés. Objectif : que les 0,01% des ménages les plus riches, avec un patrimoine supérieur à 100 millions d'euros, payent au moins 2% de leur fortune en impôt. La proposition de loi défendue par les écologistes a été adoptée par l'Assemblée en février, mais cela s'annonce plus compliqué au Sénat, où le texte a déjà été retoqué en commission.

Une défenseuse de la taxe l'avoue : "C'est pas gagné." Le Sénat est à majorité de droite, LR et les macronistes sont alignés avec le gouvernement contre cette mesure. La gauche pourra compter sur le renfort de quelques centristes convaincus eux aussi qu'il faut bouger en matière de justice fiscale, mais il paraît compliqué d'avoir une majorité. Ce qui n'empêchera pas la gauche de batailler en s'appuyant évidemment sur les 40 milliards d'euros que cherche le gouvernement. "Ça devient de plus en plus difficile de défendre la position contre", insiste une sénatrice écologiste. Une autre parlementaire met en avant le fait qu'une "écrasante majorité de Français est pour la taxation des plus riches", et joue la provocation : "Le Sénat peut-il rester sourd au mouvement de la société ?"

L'économiste Gabriel Zucman a estimé mercredi sur franceinfo qu'il y a "encore quelques années, beaucoup de personnes contestaient le constat de la régressivité du système fiscal. Ce n'est plus le cas. Maintenant tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut un taux minimum."

Des débats "assez chauds"

Les opposants à la taxe Zucman voient bien le piège que constitue ce débat : les accusations possibles sur le thème "avocats des ultra-riches". Une sénatrice de droite a beau qualifier la taxe Zucman de "fausse bonne idée", elle ajoute que "ses défenseurs sont très habiles pour faire culpabiliser", au point que cette élue confie se faire "engueuler par son fils" qui ne comprend pas pourquoi elle va voter contre. Un de ses collègues macronistes s'attend à des "débats assez chauds" jeudi après-midi. Un ancien ministre dit même du bout des lèvres ne pas être hostile sur le fond, mais préconise aussitôt de le faire au niveau européen.

"Politiquement, c'est pas facile de s'y opposer même si la taxe Zucman est mal ficelée."

Un sénateur macroniste

à franceinfo

Si le Sénat met un premier stop à la taxe Zucman jeudi après-midi, les députés pourront très bien revenir à la charge en organisant un nouveau vote à l'Assemblée, la gauche pourra ensuite retenter sa chance au Sénat, puis le texte pourra revenir à l'Assemblée. C'est le principe de la navette parlementaire. Autant dire que cela peut durer longtemps, des mois, voire des années. "Le plus probable, glisse un socialiste, c'est que ça n'aboutisse pas d'ici la présidentielle de 2027". Mais cette taxe Zucman va rester dans le débat car la gauche la remettra aussi sur la table pendant l'examen du budget à l'automne.

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