: Reportage "On est en train de devenir un symbole" : à Dunkerque, un 1er-Mai placé sous le signe de la mobilisation contre le plan de suppression chez ArcelorMittal
Plusieurs dirigeants de gauche ont appelé l'Etat à intervenir face au plan du géant de la sidérurgie, qui prévoit de supprimer 600 postes en France, dont près de la moitié dans la ville portuaire. La CGT, qui demande une nationalisation, promet de durcir le combat.
/2024/11/16/paolo-philippe-1701448169921-673878c801831628857108.png)
/2025/05/01/img-2296-68137f9367cc2337369379.jpg)
La CGT voulait une mobilisation "historique" après le coup de massue infligé par la direction d'ArcellorMittal. En ce jeudi 1er mai à Dunkerque (Nord), outre les centaines de manifestants (1 500 selon le syndicat, 800 selon les autorités), la gauche avait fait le déplacement, d'Olivier Faure (Parti socialiste) à Aurélie Trouvé (La France insoumise, en passant par Marine Tondelier (Ecologistes). Face aux caméras, François Ruffin a martelé la dépendance totale de nos sociétés "au métal et à l'acier". Une manière pour le député de la Somme (ex-insoumis) d'alerter sur le risque que fait peser le plan de suppression du sidérurgiste, qui prévoit de supprimer 600 postes en France, dont près de la moitié dans la ville portuaire.
Dans une zone considérée comme le fleuron de la réindustrialisation française, les deux sites d'ArcelorMittal à Dunkerque et Mardyck font partie du paysage avec leurs hauts fourneaux. Elles font aussi vivre près de 3 500 salariés. "Ici, tout le monde connaît quelqu'un qui y bosse et le groupe nourrit beaucoup de monde, alors si ça ferme...", dit Nicolas, venu avec son fils, qui travaille à ArcelorMittal depuis sept ans.
Machines vieillissantes, alerte des syndicats, mise en pause du grand plan de 1,8 milliard d'euros pour décarboner le site malgré une aide de l'Etat : l'ouvrier évoque les signaux négatifs qui à ses yeux s'accumulaient. Au final, le plan de licenciements annoncé le 23 avril n'a surpris personne. "Maintenant, on tremble tous et on attend les noms [des personnes licenciées]", dit Cheryl, une autre salariée d'ArcelorMittal croisée dans le cortège. Elle s'inquiète comme tout le monde des conséquences en cascade d'une baisse de l'activité chez le sidérurgiste.
/2025/05/01/img-2274-68137e545d557616100237.jpg)
"Si ArcelorMittal tombe, ça va être un tsunami économique et social pour la région : il va y avoir un effet domino" sur l'emploi, prévient Gaëtan Lecocq, secrétaire CGT du CSE à Dunkerque. Les différents responsables politiques et syndicaux estiment que 10 000 emplois pourraient être menacés au total avec les nombreux sous-traitants. Un gouffre, même si le chômage dans le territoire (8,2% au quatrième trimestre 2024, selon la préfecture des Hauts-de-France) est en baisse depuis quelques années en raison de l'installation des nombreuses usines.
Le deuxième producteur mondial d'acier, qui possède sept usines en France, envisage des délocalisations vers l'Inde afin de regagner en compétitivité dans un contexte "de crise de l'acier en Europe". Les syndicats ne nient pas le contexte lié à la concurrence chinoise, à l'augmentation des prix de l'énergie depuis la guerre en Ukraine et aux récents droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Pour autant, ils déplorent le manque d'investissement et la bonne santé du groupe, qui a affiché un bénéfice net de 805 millions de dollars (711 millions d'euros) au premier trimestre 2025.
Côté politique, de nombreux leaders de la gauche ont appelé mercredi dans un communiqué à "une intervention immédiate de l'Etat", notamment pour entrer au capital d'ArcelorMittal, tout en exigeant "zéro licenciement" de la part du groupe luxembourgeois détenu par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal. Et "une nationalisation temporaire ou durable" si besoin. Le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, a lui annoncé qu'il déposerait prochainement une proposition de loi de mise "sous tutelle" du site de Dunkerque afin d'obliger "l'entreprise à y poursuivre l'activité et à préserver l'emploi, y compris à perte, pendant une période donnée" pour trouver un "un repreneur", des "investisseurs" ou "mettre en œuvre une nationalisation partielle".
"Pour l'instant, on est gentils"
Mais pour Marine Tondelier, croisée dans le cortège en famille, l'enjeu dépasse les emplois. "Quand on habite Dunkerque, ArcelorMittal nous constitue, comme avec les terrils. Aujourd'hui, on se bat pour des emplois mais aussi pour notre patrimoine, notre histoire, notre identité. Et l'acier nous sert à tout, y compris à l'industrie de défense."
"L'acier, c'est comme l'électricité, aucune entreprise ne peut vivre sans", appuie Gaëtan Lecocq, qui veut faire d'ArcelorMittal à Dunkerque un emblème, comme Florange en 2012. "On est en train de devenir un symbole, et c'est pour ça qu'il y a autant de politiques", avance aussi le syndicaliste, qui a égratigné les élus lors de son discours sur l'estrade en ironisant sur "les beaux discours".
Le 13 mai, la CGT, qui demande une nationalisation, promet de monter à Paris pour une mobilisation nationale avec toute l’industrie métallurgique. "Pour l'instant, on est gentils, mais on est prêts à monter de plusieurs crans. Dunkerque est un territoire de lutte et on ne va pas se laisser faire : ce n'est pas une bataille qui commence, c'est une guerre."
À regarder
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Eléphants : des safaris de plus en plus risqués
-
Concours de vitesse : à 293 km/h sur le périphérique
-
Églises cambriolées : que deviennent les objets volés ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
-
Cambriolage du Louvre : ces autres musées volés
-
Cambriolage au Louvre : l'émotion et la colère de Stéphane Bern
-
Famille royale : Andrew, le prince déchu
-
Promeneurs, joggeurs : la peur des chiens
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter