"J'en consomme moins" : la hausse de la taxe soda commence à produire ses effets dans les rayons de supermarchés

Selon les premiers éléments communiqués par NielsenIQ, les prix des boissons sucrées sont en hausse depuis l'alourdissement de la taxe soda. Des boissons sucrées dont la consommation est aussi en baisse. Les industriels s’adaptent en misant sur les alternatives allégées.

Article rédigé par franceinfo
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Des canettes de soda dans un supermarché, le 15 octobre 2018. Image d'illustration. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)
Des canettes de soda dans un supermarché, le 15 octobre 2018. Image d'illustration. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Une bonne nouvelle contre l'obésité ? L'augmentation de la taxe soda s'applique depuis le 1er mars sur les boissons sucrées et semble faire effet. Selon les tout premiers chiffres de NielsenIQ, les prix des sodas, jus et eaux aromatisées sucrés ont augmenté de 10% en deux mois par rapport à la même époque en 2024. Dans le même temps, la consommation de ces boissons sucrées a baissé de plus de 4%. Si les industriels, vent debout contre cette augmentation, ont largement dénoncé "une taxe de rendement pour renflouer les caisses de l'État", les consommateurs, eux, semblent avoir prix le pli.

Abel a bien remarqué un changement de tarif sur sa canette quotidienne de soda. Son petit budget étudiant risque de ne pas suivre. "Quand c'est au frais dans les supermarchés, j'ai vu une augmentation de 10 à 15 centimes d'euros, explique l'étudiant. Avant, c'était peut-être 90 centimes un coca. Il y a des magasins où ça va être 1,20 euro... Si la canette est passée à 2 euros, c'est sûr que ça diminuerait fortement la consommation."

Ce qu'Axelle a déjà commencé à faire : elle l'avoue, ce n'est pas vraiment pour sa santé, mais bien à cause de l'augmentation des prix qu'elle a changé ses habitudes : "J'en consomme moins. Juste de temps en temps quand je bois un verre, je ne veux pas d'alcool."

"On a déjà commencé à réfléchir à la reformulation de nos produits"

Cette taxe - entrée en vigueur en 2012 - est devenue progressive à partir de 2018 (en fonction de la proportion de sucre contenue dans les boissons). Si le gouvernement met en avant une volonté d'améliorer la santé (lutte contre l'obésité ou le diabète) pour justifier l'augmentation de la taxe, les industriels y voient une taxe opportuniste pour remplir les caisses de l'Etat. La mesure avait rapporté 443 millions d’euros en 2023.

Emmanuel Vasseneix, producteur de sodas pour la grande distribution, ne s'inquiète pas de cette baisse de consommation. Le chef d'entreprise intensifie tout de même ses recherches pour trouver des alternatives. "On a déjà commencé à réfléchir à la reformulation de nos produits, explique le producteur de sodas. Il s'agit des produits light, des produits zéro, ceux à base de stevia, qui permettent d'amener une sensation sucrée sans le pouvoir calorique du sucre telle qu'on peut l'avoir à ce niveau-là." Sur franceinfo, en février dernier, l'industriel, qui est également président de l'Union des Jus de fruits (Unijus) et président de la LSDH (la Laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel), avait assuré que pour une entreprise comme la sienne, cette taxe représente plus de 20 millions d'euros de hausse de taxe par rapport à l'année dernière.

A noter toutefois que certaines boissons échappent à la taxe soda, comme les boissons "light" notamment, et sont plébiscitées par les consommateurs : les ventes ont déjà grimpé de plus de 1% en deux mois.

Un rapport de juillet 2024 du ministère de la Santé indique que la taxation des boissons sucrées fait partie des mesures les "plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l'obésité", avec l'étiquetage et l'interdiction de publicités. L'Organisation mondiale de la santé a appelé fin 2023 les gouvernements à augmenter ces taxes, regrettant que seulement 108 pays en imposent avec un taux de taxation moyen qui ne représente que 6,6% du prix d'un soda. Aux Etats-Unis, une étude publiée en 2019 dans le Journal de l'académie américaine de médecine a montré que les ventes de boissons sucrées et édulcorées ont chuté de 38% à Philadelphie après l'imposition d'une taxe spéciale en janvier 2017. 

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