Légion d'honneur refusée : Piketty et Hollande, du soutien à la rupture
Depuis l'accession au pouvoir du socialiste, l'économiste star n'a de cesse de critiquer son action. Voire son éventuelle inaction lorsqu'il s'agit de réformer la fiscalité.
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"Je refuse cette nomination car je ne pense pas que ce soit le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable." En déclinant la Légion d'honneur, jeudi 1er janvier, l'économiste français Thomas Piketty a fait la leçon à François Hollande et Manuel Valls. "Ils feraient bien de se consacrer à la relance de la croissance en France et en Europe", a-t-il expliqué.
Incontournable en 2014 avec le succès international de son ouvrage Le Capital au XXIe siècle, l'économiste figure dans la "promotion du 1er janvier" de la Légion d'honneur, nommé au rang de chevalier. Pour justifier son refus, il dit regretter, entre autres, que François Hollande ait enterré sa promesse de campagne d'une profonde réforme fiscale, dans le sens d'une plus grande progressivité de l'impôt, un projet ardemment défendu par l'économiste. Francetv info revient sur les tumultueuses relations entre Thomas Piketty et François Hollande.
Le "soutien vigilant" en 2012
"Je reste dans un soutien vigilant", assurait-il en février 2012, en pleine campagne présidentielle, avec l'intention de "mettre du contenu sur la justice fiscale". "Quelles que soient ses limites, François Hollande fera mieux que Sarkozy", concluait ce spécialiste des inégalités.
En avril 2012, il figure parmi les économistes signataires d'une tribune dans Le Monde (lien pour abonnés) en faveur du candidat PS. "La grande réforme fiscale annoncée par François Hollande devra certes être précisée et son calendrier accéléré. Mais le cap fixé est le bon, avec une réorientation de la politique fiscale dans le sens d'une plus grande justice sociale et d'une plus grande efficacité économique", cosignent les experts.
La déception en 2013
En militant actif d'une refonte de l'impôt sur le revenu, Thomas Piketty peut à l'époque se réjouir d'avoir été entendu par François Hollande. En février 2012, invité de France 2, le candidat annonce ainsi la création d'une taxe à 75% sur les revenus supérieurs à un million d'euros. Evoquant une rupture avec "les années Sarkozy", l'économiste assure que "l'arme fiscale" permet ici de sortir "de l'idéologie du toujours plus : c'est une étape importante", explique-t-il alors à Libération. Mais pour lui, le projet fiscal de François Hollande "reste insuffisant et imprécis".
Passée l'élection, Thomas Piketty va de déception en déception. "Le gouvernement fait exactement le contraire de ce qu'il faudrait", s'alarme-t-il dès septembre 2012, dans une interview à L'Express. "Cela vient surtout de la nullité des gens qui nous gouvernent", assène-t-il. "Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est refondre entièrement l'impôt sur le revenu. Il faut partir de ce qui marche, en s'appuyant sur l'assiette de la CSG", plaide-t-il. En vain.
Fin 2013, la situation a bien failli s'améliorer entre l'économiste et l'exécutif, le Premier ministre d'alors, Jean-Marc Ayrault, promettant de remettre à plat le système fiscal français. Mais non. De nouveau, dans Le Monde (lien pour abonnés), Thomas Piketty fait part de ses doutes et ne cache pas son impatience : "J’ai envie de dire : mieux vaut tard que jamais. Je reste cependant assez prudent. Annoncer la création d’une commission n’est pas un acte politique très fort."
La rupture en 2014
Lorsque cette remise à plat est enterrée avec le départ de Jean-Marc Ayrault, remplacé par Manuel Valls, la rupture semble définitive entre l'exécutif et l'économiste. "Je suis attristé par l'improvisation de François Hollande", accuse-t-il en juin 2014. "Je pense qu'il y a un degré d'improvisation dans la politique fiscale et la politique économique de François Hollande qui est effectivement assez consternant", déclare-t-il également au Monde.
Son refus de se voir décoré de la Légion d'honneur, jeudi 1er janvier 2015, s'inscrit dans cette démarche de protestation. Adulé aux Etats-Unis, reçu par Barack Obama, Thomas Piketty peine à trouver des oreilles attentives de ce côté de l'Atlantique. En juin, le ministre des Finances, Michel Sapin, avait plaisanté sur l'engouement autour du Capital au XXIe siècle, avouant ne pas avoir lu le livre, qu'il jugeait "trop lourd". "J'ai pu constater que le chef des conseillers d'Obama avait lu tout mon livre", avait rétorqué Piketty, cité par Le Lab d'Europe 1.
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