Loi anti fast-fashion : Shein commande un rapport critique sur le texte et l'envoie aux parlementaires, au nom des "consommateurs les plus modestes"
Les parlementaires qui l'ont reçu parlent d'un rapport "hallucinant" rapporte France Inter.
Alors que la proposition de loi "anti fast-fashion" arrive en séance au Sénat lundi 2 juin, la marque Shein a commandé un rapport dans lequel elle dénonce ce texte et les arguments mis en avant par ceux qui le défendent. Le rapport de 37 pages, que s'est procuré France Inter mercredi 28 mai, a été envoyé à tous les parlementaires. La marque tente notamment d'expliquer que ce sont les plus modestes qui vont être pénalisés.
Pour rappel, la proposition de loi (PPL) contre la fast-fashion avait été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale en mars 2024. Le texte avait ensuite été modifié en commission. Il sera donc examiné par le Sénat à partir de lundi.
Interdire la publicité et taxer les colis en provenance de Chine
La PPL, portée par les députés du groupe Horizons, prévoit notamment la mise en place d'un malus pour compenser l'impact environnemental de ces vêtements. La pénalité, d'ici 2030, pourrait ainsi atteindre jusqu'à 50% du prix de vente.
La proposition de loi prévoit également l'interdiction de la publicité pour ces vêtements, à l'instar de la loi Evin pour les boissons alcoolisées, ou encore la taxation des colis en provenance de Chine, commandés notamment sur les plateformes Shein ou Temu. Le but : pénaliser la mode dite jetable venue en grande partie d'Asie et réduire l'impact environnemental de l'industrie textile.
Cette PPL inquiète les marques concernées comme Shein qui a donc commandé cette étude "indépendante" écrite par Frédéric Jenny, professeur émérite d’économie à l’ESSEC. En tout, 37 pages au cours desquelles la PPL est questionnée et remise en question autour de trois axes : "La PPL pénalise les consommateurs les plus modestes", "la PPL échoue à répondre à son objectif de réduction de l'impact environnemental de l'industrie textile" et "sous couvert d'un objectif d'intérêt général, la PPL cible spécifiquement certaines enseignes". Le rédacteur du rapport compare même cette PPL avec la taxe carburant de 2018 "ayant amené au mouvement des 'gilets jaunes'".
Un rapport "hallucinant" selon des parlementaires
Ce rapport a ensuite été envoyé aux parlementaires, avec un texte leur expliquant cette démarche. Shein s'adresse aux élus et assure que cette étude met en lumière "des effets contre-productifs pour les consommateurs" ou pour "l'équilibre concurrentiel du secteur".
"La PPL affecterait plus sévèrement les consommateurs des classes populaires, notamment en zones rurales ou périurbaines, pour qui la mode à petits prix constitue un accès privilégié au marché de l'habillement".
selon un rapport commandé par Sheinà France Inter
Selon le rapport, "80% des consommateurs de mode éphémère appartiennent aux catégories sociales les plus modestes". Concernant le "mécanisme de malus forfaitaires (jusqu'à 10 euros par article en 2030)", il n'intègre - selon le rapport - "aucune incitation à l'amélioration des pratiques environnementales". Enfin, le texte affirme que les difficultés "de certaines enseignes historiques" étaient apparues avant "l'essor des plateformes asiatiques" qui ne peuvent donc tenues pour responsables "à titre principal".
Les parlementaires contactés par France Inter mercredi parlent d'un rapport "hallucinant" mais qui ne surprend pas. Un sénateur qui souhaite rester anonyme assure que "du lobbying, ça existe dans tous les domaines" mais, ajoute-t-il, "ils sont particulièrement insistants".
Il affirme avoir reçu quatre demandes de rendez-vous et une invitation à un défilé de mode. Pour Anne-Cécile Violland, députée Horizons, rapporteure du texte à l'Assemblée, ce lobbying n'est "a priori" pas efficace, car malgré les modifications apportées au Sénat, l'ultra fast-fashion (Shein et Temu), reste ciblée. Pour les initiateurs de la PPL, ce sont en revanche les enseignes françaises ou européennes, comme Kiabi ou Primark, qui sont épargnées.
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