Magasins Carrefour franchisés ou en location-gérance : la CFDT poursuit le groupe et dénonce un "moins-disant social"

Au cours des dernières années, 344 magasins ont été mis en location-gérance ou confiés à des franchisés, avec selon la CFDT des conséquences sociales non négligeables pour les 27 000 salariés concernés. Carrefour conteste et affirme que cette solution lui permet d'éviter la fermeture de ses magasins.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une femme entre dans un supermarché Carrefour, le 13 janvier 2021 à Saint-Herblain, près de Nantes. Photo d'illustration. (LOIC VENANCE / AFP)
Une femme entre dans un supermarché Carrefour, le 13 janvier 2021 à Saint-Herblain, près de Nantes. Photo d'illustration. (LOIC VENANCE / AFP)

"Carrefour vous souhaite bonne année et surtout bon vent", ironise la CFDT, pour qui la cote d'alerte est atteinte. Le syndicat appelle à la fin des mises en location-gérance ou au passage en franchise des hypers et supermarchés Carrefour. La CFDT va assigner le géant de la grande distribution en référé devant la justice après l'annonce vendredi 10 janvier de la direction du groupe de céder la gestion de 39 nouveaux magasins, dont 15 hypermarchés, soit 344 au total depuis sept ans, selon les calculs du syndicat.

Pour la CFDT, la location-gérance ou la franchise représentent clairement un modèle de "moins-disant social". Car même si le Code du travail prévoit que les salariés concernés conservent pendant 15 mois l'ensemble des avantages dont ils bénéficiaient jusque-là, les choses ont tendance à se gâter après cette période. "Les accords qui ont été négociés depuis des années chez Carrefour représentent 4 000 pages de conventions collectives d'entreprises, donc ces accords sont dénoncés à terme lors du passage en location-gérance, affirme Sylvain Macé, secrétaire national à la fédération CFDT des Services, chargé du commerce alimentaire. En plus, ce que l'on constate c'est qu'il n'y a plus de partage de la valeur, qui représente en moyenne pour un salarié entre deux et deux mois et demi de salaire en moins."

Ces accusations sont contestées par la direction de Carrefour. Non seulement, selon l'entreprise, les salariés conservent bien l'ensemble de leurs rémunérations, 13e mois compris, mais le groupe leur garantit en outre en cas de transfert le maintien des régimes de mutuelle et de prévoyance, les tickets-restaurant et même la remise de 10% sur leurs achats chez Carrefour. En revanche, il n'y a plus en effet de versement de prime de participation ou d'intéressement par le groupe. Une prime de participation qui avait atteint 1 162 euros bruts en moyenne par salarié en 2024, selon la CFDT.

Un rapprochement vers le modèle des groupements d'indépendants ?

Pour justifier le fait de céder la gestion d'autant de magasins à des gérants ou à des franchisés depuis 2017, le principal argument mis en avant par Carrefour est que les magasins en question sont en difficulté, avec des déficits annuels de plusieurs millions d'euros. Cela évite des fermetures pures et simples fait-on remarquer du côté de la direction. Un argument financier toutefois dénoncé par la CFDT, alors que le groupe Carrefour a dans le même temps racheté en 2024 pour environ un milliard d'euros les 60 hypermarchés Cora et 115 supermarchés Match détenus en France par le groupe belge Louis Delhaize.

Carrefour semble en réalité se rapprocher des modèles de plusieurs autres géants de la grande distribution, dont Leclerc et Intermarché, c'est-à-dire des groupements d'indépendants et non des groupes dits intégrés. Ils ont aujourd'hui le vent en poupe avec des parts de marché en hausse qui dépassent désormais les 50%. Mais cela va de pair avec des effectifs, des conditions de travail et des rémunérations en moyenne inférieurs déplorent les syndicats.

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