"Ce serait une catastrophe" : face aux rumeurs d'un rachat du Parisien par le groupe Bolloré, les syndicats du journal adressent une lettre ouverte à Bernard Arnault

"Si vous envisagez cette vente, nous vous demandons d'y renoncer" lancent les auteurs du courrier au milliardaire français, principal actionnaire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le logo du journal Le Parisien. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)
Le logo du journal Le Parisien. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

"Face aux rumeurs persistantes d'un rachat du Parisien par le groupe Bolloré" la société des journalistes et les syndicats SNJ et CGT du journal adressent une "lettre ouverte à leur actionnaire, Bernard Arnault", écrit la SDJ du quotidien sur son compte X, mardi 9 septembre. "Nous vous écrivons aujourd'hui sous le coup d'une très vive émotion. Vous vous apprêteriez, lit-on dans la presse, à vendre Le Parisien au groupe Bolloré. Ce serait une catastrophe", dénonce la SDJ. 

"Le Parisien est un grand journal. Un quotidien historique, né en 1944 à la Libération de Paris. Il est devenu un acteur incontournable du paysage médiatique, et singulier : un journal populaire de qualité", peut-on lire dans cette lettre. "Cette histoire vous oblige. Vous en êtes le garant depuis que LVMH a racheté le Parisien il y a dix ans. A l'instar du groupe que vous avez construit, ce journal appartient au patrimoine français", insistent les signataires de ce courrier. 

"Vendre cet héritage éditorial au groupe Bolloré reviendrait à livrer à une idéologie militante d'extrême-droite un des grands quotidiens du pays, à appauvrir la pluralité de l'information en France", estiment la SDJ et les syndicats SNJ et CGT. "Si vous envisagez cette vente, nous vous demandons d'y renoncer", lancent les auteurs du courrier à Bernard Arnault. 

Depuis de nombreuses années, cette vente revient au coeur de l'actualité : dès 2010, le milliardaire breton avait alors affirmé que la prise de contrôle du titre représentait alors "une opportunité extrêmement intéressante".  

Des empires médiatiques

Par ailleurs, le quotidien vient de connaître un plan de réorganisation, avec la suppression prévue de près de 40 postes.Cette annonce avait entraîné en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction.

Bernard Arnault est actionnaire du Parisien/Aujourd'hui en France et aussi du quotidien Les Échos et de Radio Classique. Il a aussi racheté cette année la totalité du quotidien libéral L'Opinion et du site d'actualité financière L'Agefi. Fin 2024, LVMH a racheté en outre Paris Match au groupe Lagardère, qui était dans le giron de Vincent Bolloré.

De son côté, le milliardaire conservateur contrôle le groupe Canal+, qui comprend notamment CNews, leader habituelle des chaînes info en part d'audience. Vincent Bolloré est en outre présent dans la presse magazine via le numéro un du secteur Prisma Media (Voici, Capital, Femme actuelle...), et il contrôle Lagardère (Europe 1, JDD...). Cette acquisition de Lagardère en 2023 s'est accompagnée d'un profond remaniement au JDD (ex-Journal du Dimanche), avec un directeur proche de l'extrême droite, entraînant une grève et des départs massifs, comme auparavant à i-Télé (devenue CNews) et Europe 1.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.