Fin de C8 sur la TNT : la droite et l'extrême droite s'indignent et dénoncent les "ayatollahs de la pensée unique"

Le Conseil d'Etat a rejeté mercredi le dernier recours de C8 contre le non-renouvellement de sa fréquence télé par l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel.

Article rédigé par franceinfo
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La chaîne C8 ne sera plus diffusée sur la TNT le 28 février au soir. (LOUAI BARAKAT / HANS LUCAS / VIA AFP)
La chaîne C8 ne sera plus diffusée sur la TNT le 28 février au soir. (LOUAI BARAKAT / HANS LUCAS / VIA AFP)

Les figures de l'extrême droite sont vent debout après la confirmation, mercredi 19 février, de la fermeture de C8 par le Conseil d'Etat. La chaîne avait déposé un recours contre le non-renouvellement de leur fréquence télé par l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, sans succès. La chaîne de Cyril Hanouna sera donc plus diffusée sur la TNT le 28 février au soir.

Un "scandale absolu" pour le député européen du Rassemblement national Nicolas Bay. "Cette décision donne raison aux ayatollahs de la pensée unique", complète Marine Le Pen qui écrit sur X que "cette bien-pensance qui prétend bien penser en empêchant les autres de penser différemment est une grave menace pour la liberté d'expression". Laurent Jacobelli accole lui un hashtag "Je soutiensC8" à ses tweets. 

Plusieurs personnalités de droite sont sur la même position."C8, c'est fini. Je vais vous expliquer pourquoi ça me choque", déclare Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains dans une vidéo postée sur X. "La fermeture de C8 est due à l'Arcom, une autorité administrative obscure et qui s'est arrogé un droit de vie ou de mort sur cette chaîne. On peut ne pas aimer C8, mais dans ce cas-là, c'est simple vous changez de chaîne. En revanche, fermer, avec cette censure insidieuse, ça c'est inacceptable."

"On perd les repères"

Autre figure des LR et surtout pilier du gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau ne soutient guère la décision du Conseil d'Etat, plus haute autorité administrative. Il regrette que "la disparition de C8 prive son public d'un espace d'expression". Ces propos ne passent pas du tout auprès de la présidente de la Commission des Affaires culturelles à l'Assemblée, la socialiste Fatiha Keloua Hachi : "Bruno Retailleau est ministre de l'Intérieur et devrait être lui-même garant de l'État de droit. Or, il remet en question une décision de l'Arcom, et encore davantage, celle du Conseil d'État. Pour moi, c'est très grave et ce tweet il devrait le retirer. Il s'est perdu entre futur chef de parti et ministre de l'Intérieur."

"On perd les repères", ajoute Clément Beaune, ancien ministre des Transports, figure de l'aile gauche de la macronie. Quant aux accusations de censure, Fatiha Keloua Hachi met les choses au point : "Je suis étonné. C8 peut être absolument recréé une chaîne privée sans aucun problème qui serait tout à fait accessible par des abonnés. Le problème, c'est que les fréquences TNT, c'est un bien public, c'est la propriété de l'État et elles sont mises ces fréquences gratuitement. Mais en contrepartie, il faut respecter des règles. C'est une sanction, mais il n'y a aucune censure."

"La censure, ce serait d'interdire une chaîne de télévision. Or là, on n'interdit pas à la chaîne C8 de continuer sur d'autres antennes."

Fatiha Keloua Hachi, présidente socialiste de la Commission des Affaires culturelles à l'Assemblée

à franceinfo

Dans sa décision, le Conseil d'État a estimé que "le régulateur était juridiquement fondé à prendre en compte ces manquements". C8 a cumulé onze sanctions financières de l'Arcom, et 7,6 millions d'euros d'amende en raison des dérapages de Cyril Hanouna. Sur ce total, 3,5 millions d'euros viennent d'une amende record pour des insultes lancées au député LFI Louis Boyard dans l'émission "Touche pas à mon poste" (TPMP) en novembre 2022. Jeudi, l'animateur a pour cela été condamné à 4 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris.

Ces attaques politiques sur la décision de l'Arcom et du Conseil d'Etat font dire à la députée socialiste qu'il y a un certain "alignement" de l'extrême droite et de la droite sur des positions trumpistes. La semaine dernière, le vice-président américain JD Vance  fustigeait "le recul de la liberté d'expression en Europe".

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