La réforme de l'audiovisuel public rejetée dès l'entame des débats à l'Assemblée nationale

Les députés de gauche, rejoints de manière inattendue par ceux du Rassemblement national, ont voté largement une motion de rejet. La proposition de loi soutenue par Rachida Dati doit désormais retourner au Sénat.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
La ministre de la Culture, Rachida Dati, le 30 juin 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)
La ministre de la Culture, Rachida Dati, le 30 juin 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Une énième péripétie pour un texte au parcours chaotique. Les députés ont rejeté dès le début des débats, lundi 30 juin, la réforme de l'audiovisuel public défendue par la ministre de la Culture Rachida Dati. La proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (UDI) prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général. Un projet rejeté par une part importante des salariés de ces trois groupes, qui étaient appelés à la grève lundi.

Les députés de gauche, rejoints de manière inattendue par ceux du Rassemblement national, ont voté largement (94 voix pour, dont 16 RN, et 38 contre) une motion de rejet déposée par le groupe Ecologiste et social, face aux bancs clairsemés de la coalition gouvernementale. Les représentants des groupes de gauche se sont réjouis à l'unisson de ce vote. "C'est un immense revers pour Rachida Dati et elle le mérite, parce que sa réforme était mal préparée", s'est félicité le député PS Emmanuel Grégoire, candidat aux élections municipales à Paris en mars 2026, lors desquelles il devrait faire face à la ministre de la Culture.

La suite du calendrier reste incertaine

Pour le RN, le vote de la motion était davantage une manière d'abréger les débats, alors que près de 1 300 amendements avaient été déposés, principalement par la gauche. "Il y en a marre de voir la gauche faire de l'obstruction systématique sur quasiment tous les textes dans l'hémicycle", a expliqué à la presse le député RN Philippe Ballard. Le député du groupe MoDem Erwan Balanant a lui regretté un "gâchis démocratique" et un "gâchis pour l'audiovisuel", alors même que son groupe avait des "réticences" sur le texte.

Le texte, déjà adopté en première lecture par le Sénat en avril 2023, doit désormais être examiné une seconde fois par les sénateurs, à une date indéterminée, avant un possible retour à l'Assemblée nationale. Face à la presse, comme dans l'hémicycle, la ministre de la Culture a défendu une réforme qu'elle porte à bout de bras depuis des mois. "Il nous faut un chef d'orchestre, sortir du fonctionnement en silo, avoir des stratégies très claires, réellement unifiées avec un PDG unique, une stratégie cohérente et coordonnée", a-t-elle dit.

De leur côté, les syndicats des médias concernés ont entamé une grève illimitée qui a démarré jeudi à Radio France pour s'opposer aux restrictions budgétaires et à ce projet de réforme, que les syndicats jugent "extrêmement dangereux" tant pour l'avenir des salariés que pour l'indépendance de l'information. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) comptait lundi 67% de grévistes dans les rédactions du groupe. A France Télévisions, où le mouvement a débuté lundi, la direction a compté 15% de grévistes au cours de la journée. Plusieurs centaines de salariés s'étaient rassemblées lundi à la mi-journée à proximité du ministère de la Culture, scandant "Dati démission".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.