Cet article date de plus de douze ans.

Les "révélations" sur Fabius divisent à Libé

La direction se défend d'avoir colporté une rumeur, et assume sa Une. Mais les salariés de Libération dénoncent une "faute déontologique grave" après la publication d'un article faisant des "révélations" sur un prétendu compte en Suisse de Laurent Fabius.

Gilles Halais

Radio France

Publié le 08/04/2013 14:05 Mis à jour le 02/05/2014 15:05

Temps de lecture : 2min

"Il était impossible de ne
pas donner ces informations à nos lecteurs", se défend le directeur
adjoint de la rédaction de Libération, après la révélation d'une
"possible affaire Fabius (qui) tétanise l'Elysée". Le quotidien
affirme sur trois pages qu'un "scénario noir circule dans toutes les
ministères : Mediapart aurait les preuves que Laurent Fabius détient un ou
plusieurs comptes en Suisse".

A l'appui de sa démonstration, Sylvain
Bourmeau affirme qu'un "journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi, a
rencontré samedi le ministre des Affaires étrangères". Q ue "Laurent
Fabius en a informé immédiatement François Hollande". Et que l'avocat
de Fabius, "Me Darrois, a pris l'initiative d'appeler Libé pour
apporter un démenti."

"Libération n'a fait que traiter l'angle politique en montrant la
tétanie qui frappe l'exécutif", se justifie encore le cadre du
journal.

Communiqué cinglant des personnels

A Libé, le débat est vif.
Dans un communiqué publié lundi après-midi, la Société civile des personnels (qui
représente tous les salariés et pas seulement les journalistes) "déplore
que Libération ait relayé une rumeur sans fondement [...] avec pour effet
de l'accréditer."

"Notre travail de journaliste ne consiste pas à rendre publique une
rumeur, mais à enquêter pour savoir si elle correspond à des faits. Ce travail
élémentaire n'a pas été fait. Il s'agit là d'une faute déontologique
grave", conclut le communiqué, cinglant.

"Sidérante mise en scène"
d'une "rumeur"

"Certains médias
perdraient-ils tout repère ?", s'interroge Edwy Plenel dans un tweet
posté dimanche soir. "Après ne pas avoir accordé suffisamment de crédit
aux informations documentées et recoupées de Mediapart sur le compte suisse de
Jérôme Cahuzac, voici qu'ils officialisent et relayent une rumeur concernant
Laurent Fabius", poursuit le patron de Mediapart.

Libération perd la tête: demain, il transforme en information une rumeur sur Fabius en prétendant démentir une non-information de Mediapart.
— Edwy Plenel (@edwyplenel) April 7, 2013

Dans un éditorial sur son blog,
Edwy Plenel dénonce la "Une sidérante mettant en scène comme s'il
s'agissait d'une information, une rumeur qui agite Paris depuis trois
jours". Sans démentir que Mediapart enquêterait sur Laurent Fabius, le
patron du site souligne que *"le vrai est parfois invraisemblable".

La semaine dernière, Edwy Plenel avait annoncé "un scandale
républicain à venir", et de nouvelles révélations au lendemain de la
chute de Jérôme Cahuzac.