Soupçons d'emploi fictif au "Canard enchaîné" : deux ex-dirigeants, un ancien dessinateur et sa compagne relaxés

La rémunération d'Edith Vandendaele, compagne du dessinateur André Escaro, était au cœur de cette affaire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un exemplaire du "Canard enchaîné" daté d'août 2022. (ADRIEN FILLON / HANS LUCAS / AFP)
Un exemplaire du "Canard enchaîné" daté d'août 2022. (ADRIEN FILLON / HANS LUCAS / AFP)

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé, vendredi 17 octobre, deux ex-dirigeants du Canard enchaîné, un ancien dessinateur et sa compagne, tous les quatre jugés pour des soupçons d'emploi fictif dans l'hebdomadaire satirique. La justice a considéré que les déclarations faites au cours de l'enquête et pendant le procès ne permettaient pas de caractériser le fait que la rémunération d'Edith Vandendaele, compagne du dessinateur André Escaro, et dont l'emploi était au cœur de l'affaire, "serait dénuée de toute contrepartie" et donc "contraire à l'intérêt social" de la société éditrice du Canard enchaîné.

"Une chose et son contraire ont été soutenus à l'audience", et "ces déclarations laissent toute liberté à l'interprétation", a expliqué la présidente en lisant le jugement. Les quatre prévenus, Edith Vandendaele, André Escaro, Michel Gaillard, qui fut président du Canard de 1992 à juillet 2023, et Nicolas Brimo, qui lui a succédé, ont donc été relaxés d'abus de biens sociaux ou recel de ce délit, déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, faux et usage de faux et déclaration frauduleuse à un organisme social.

"Il y a un biais dans le raisonnement qui doit être dénoncé", a déclaré à l'AFP Pierre-Olivier Lambert, avocat du journaliste Christophe Nobili, à l'origine de l'affaire, et de six autres actionnaires minoritaires qui se sont constitués partie civile. "Le dossier doit se poursuivre en cour d'appel", a-t-il estimé. "Ce jugement met un terme à trois années d'accusations incessantes et mensongères", a au contraire souligné Jérémie Assous, l'un des avocats de la défense.

Une collaboratrice jamais vue à la rédaction

Le procès s'était tenu en juillet, dans cette affaire qui avait éclaté après les révélations de Christophe Nobili sur l'emploi d'Edith Vandendaele, rémunérée comme journaliste pendant 25 ans par le journal qui a révélé l'emploi fictif de Penelope Fillon. Or, selon les investigations, personne ne l'a jamais vue à la rédaction. Le tribunal a considéré que cela n'était "pas déterminant", l'activité de dessin de presse n'imposant pas les mêmes contraintes de présence dans les locaux que celles d'un rédacteur ou d'un secrétaire de rédaction.

Pendant le procès, Michel Gaillard et Nicolas Brimo étaient les seuls à être présents, le couple étant absent en raison de l'état de santé d'André Escaro, âgé de 97 ans. Tous deux ont expliqué qu'Edith Vandendaele assistait son compagnon pour qu'il réalise après son départ à la retraite en 1996, depuis sa résidence dans la Drôme, les "cabochons", de petits dessins humoristiques d'actualité, pour lesquels il n'était lui-même plus rémunéré. Pour cela, elle se tenait au courant de l'actualité et lui soufflait des idées. C'était elle aussi qui envoyait toutes les semaines les dessins à la rédaction, par fax ou par courriel.

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