Pouvoir d'achat : les prisonniers du SMIC ne s'en sortent plus

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Article rédigé par France 2 - A. Guin, M. Petitjean, R. Monjanel - Édité par l'agence 6Medias
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À l'heure où le gouvernement cherche à faire augmenter le pouvoir d'achat des Français, le "20 heures" part à la rencontre de deux femmes qui touchent le SMIC depuis plusieurs années. Entre fatigue, frustration et peur de la retraite, elles racontent une vie à l’euro près, où chaque plein d’essence se calcule avec précision.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


De maison en maison, dès 7 heures du matin, elle vient réveiller ceux qui peinent à se lever seuls. En Seine-Saint-Denis, Thérèse Di Mascio est aide-soignante à domicile. À bientôt 66 ans, elle touche 1 680 euros nets par mois. C'est 250 euros de plus que le SMIC. Pour ce salaire à temps plein, elle s'occupe de tout : la toilette, les courses et même l'entretien du logement.

Un travail au plus près des personnes dépendantes, il est trop peu rémunéré selon elle : "On devrait être rémunérés, je ne sais pas, au moins 100 ou 200 euros de plus, ce serait bien. Pour qu'on s'en sorte mieux, en fait. Ça mérite plus parce que c'est par rapport au travail qu'on fait, parce que c'est quand même un travail psychologique que l'on fait par rapport aux personnes. Il y a des personnes qui sont dures. Ce n'est pas leur faute, c'est la maladie qui les rend comme ça. Et puis, voilà, c'est un travail quand même qui est épuisant."

Se rapprocher du SMIC

Après le coup de pouce donné aux soignants pendant le Covid, son salaire n'a évolué qu'à la marge, beaucoup moins vite que le salaire minimum. Aujourd'hui, elle a le sentiment de se rapprocher du SMIC : "Avec l'ancienneté, le diplôme, tout ça, ce n'est pas suffisant. Je suis en colère parce qu'en fin de compte, on travaille pour survivre déjà et notre métier n'est même pas revalorisé."

Chaque année, elle demande une augmentation, mais son entreprise explique ne pas pouvoir faire davantage. D'autres salariés, eux, ont l'impression de rester bloqués au niveau du SMIC. Dans le Val-de-Marne, Thiaba Seck, 58 ans, est caissière d'un hypermarché depuis 34 ans. "En 2023, salaire net mensuel : 1 385 euros. En 2025, 1 396 euros. Un salaire qui ne bouge pas tellement. On est toujours sur les mêmes sommes", se désole-t-elle.

Un plein d'essence à 10 euros

Un salaire proche du SMIC, avec un 13e mois et par le passé quelques avantages d'entreprise. Mais son emploi, elle a souhaité le garder avant tout pour la stabilité de ses revenus : "J'ai vécu seule avec mes enfants et donc, pour moi, je ne pouvais pas me permettre de changer d'employeur et de rester pendant des mois sans travailler." Une fois déduites les aides au logement, son loyer lui coûte 720 euros, l'électricité 70 euros. Après les frais d'assurance et de transport, il lui reste moins de 450 euros pour elle et son fils. Une vie à l'économie.

Chacune de ses dépenses est bien calculée. Elle fait son plein d'essence au fur et à mesure pour éviter de finir à découvert : "Quand ce sont des mois où c'est serré, je vais l'utiliser essentiellement pour aller au travail. Pour les petites courses du quotidien, je vais y aller à pied ou par d'autres moyens. On cherche des économies là où on peut les faire."

1 000 euros de pension de retraite

Vivre avec un salaire proche du SMIC et un budget serré. Même en comptant les revenus de son mari, Thérèse Di Mascio sait que les prochaines années seront plus compliquées. Si elle prenait sa retraite demain, sa pension s'élèverait à un peu plus de 1 000 euros par mois, d'après ses simulations. "Je commence à essayer de vivre en imaginant que j'ai 1 000 euros par mois, en essayant de ne pas faire trop de dépenses comme je faisais avant. J'essaie de commencer tout doucement à m'y habituer pour que cela ne fasse pas le choc", avoue-t-elle.

Une fois à la retraite, elle s'imagine déjà continuer de travailler quelques heures par semaine pour compléter sa pension.

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