Que reproche la Cour des comptes au contrôle de l'alimentation ?
L'institution dénonce "des anomalies graves" dans la mission de sécurité sanitaire des aliments conduite par le ministère de l'Agriculture.
Viandes grisâtres, moisissures, excréments de souris dans des étuves à chorizo... Un rapport de la Cour des comptes révélé par Le Télégramme, jeudi 29 mai, est particulièrement alarmant quant à ce que le consommateur français peut trouver dans les rayons des magasins d'alimentation. Et sévère avec le travail du ministère de l'Agriculture en matière de contrôle sanitaire. Explications.
Des manquements graves aux conditions d'hygiène
Son enquête lui a coupé l'appétit, particulièrement dans les rayons "premiers prix". "Viandes gris verdâtre impropres à la consommation humaine dans des charcuteries, souris vivantes ou mortes, fromage ramassé à la raclette sur le sol pour en faire du fromage fondu", la liste dressée par la Cour des comptes donne la nausée.
"Le consommateur ne réalise pas que la VSM [viande séparée mécaniquement], viande gros grain, viande 3 mm et viande Baader, ne sont en fait pas de la viande au sens de la réglementation européenne", note le rapport, particulièrement choqué par la VSM, obtenue par l'enlèvement, à l'aide de moyens mécaniques, de la viande des os de carcasses. Cette chair était "surtout destinée, il y a quelques années encore, à la composition d'aliments pour animaux". D'ailleurs, selon les enquêteurs cités par Le Télégramme, près de la moitié des opérateurs sur les chaînes de production ne savent pas que les aliments sont destinés aux humains.
"L'offre des produits premiers prix peut paraître attractive, mais leur consommation systématique, par une population croissante, pourrait avoir, à terme, des répercussions sur la santé publique", avertissent même les "sages" de la rue Cambon.
Des failles dans le contrôle
Si la VSM n'est pas impropre en soi à la consommation, le rapport note de nombreux échecs du contrôle sanitaire.
Manque de moyens. Dans une note commune datant de 2012, les syndicats du ministère de l'Agriculture craignaient qu'un "accident sanitaire majeur" ne soit "plus qu'une question de temps". Selon Deborah Infante, administratrice au Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire interwiewée par le quotidien régional, près de 20 % des effectifs chargés de la sécurité sanitaire alimentaire au ministère de l'Agriculture ont été supprimés depuis 2005.
Un conflit d'intérêt. La Cour des comptes note également que c'est la même entité, la Direction générale de l'alimentation (DGAL), qui est à la fois en charge de développer le secteur et de l'encadrer. "Le développement économique semble être un objectif aussi important, sinon primordial, pour la DGAL [qui] a tendance à privilégier l'accompagnement des professionnels plutôt que la sanction des écarts", pointe-t-elle. Ainsi, "les enquêteurs ne sentent ni volonté d'apporter une réponse pénale, ni technicité pour le faire", explique au Télégramme un cadre du ministère de l'Intérieur. Et les contrôles sont d'autant moins efficaces que de nombreux résultats d'analyse ne sont connus qu'une fois les produits expédiés et très souvent consommés.
Un chantage à l'emploi. Conséquence, les enquêtes de la brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires restent confidentielles, notent les "sages". Et de regretter que la politique répressive ne soit pas appliquée sur le terrain. Notamment, parce que les enquêteurs se heurtent à "la détresse" et "l'agressivité" des producteurs contrôlés. "L'échelon local est fortement soumis à la pression sur l'emploi", écrit ainsi le rapport.
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