: Reportage "On nous jette du jour au lendemain" : la colère des commerçants face au développement des casiers en libre-service

Coup dur pour les petits commerces concernés. Mondial Relay, poids lourd de la livraison de colis, va stopper en 2025 l'activité de dépôt dans 3 500 boutiques partenaires (1 000 sur décision de Mondial Relay, 2 500 à la demande des commerces). Cela représente un tiers de ses 11 000 points relais. Le groupe privilégie désormais les lockers, ces casiers automatiques gérés sans personnel.

Pour les magasins touchés, cela constitue un manque à gagner non négligeable alors qu'ils sont souvent un des rares lieux de vie en zone rurale comme à Arbonne-la-Forêt, en Seine-et-Marne, où le point relais La Grange, vient de devoir fermer.

"On a cru que c'était un poisson d'avril"

Derrière son comptoir, Angélique est obligée de refouler une cliente venue déposer un colis : "On n'a plus Mondial Relay. Il faut aller dans un locker à Milly-la-Forêt ou à Fontainebleau."  Cela fait déjà une heure que Christine roule à la recherche d’un point Mondial Relay. "Je passe par là parce qu’à la Chapelle-la Reine, ils m'ont dit que c'était ici. Puis en fait, je viens de m'apercevoir que ce n'est pas le cas. C'est vraiment la galère", déplore la cliente. Difficile de trouver un point relais dans le coin depuis qu’Angélique et Lionel ne peuvent plus assurer ce service. "On a reçu la lettre le 1er avril, on a cru que c'était un poisson d'avril et en fait pas du tout, raconte la commerçante. On a reçu la lettre qui nous annonçait la fermeture de notre point relais Mondial Relay."

À partir de là, tout s’accélère. Le jour même, leur commerce n’est plus référencé sur le site. "On s'est senti utilisé, utilisé pendant très longtemps et du jour au lendemain, on nous jette. On nous jette comme des chiens. C'est vraiment très dur", déplore Angélique.

"Les boutiques ne tiennent pas longtemps"

Le couple fait à la fois traiteur, brocanteur, et relais colis. Ils ont besoin de Mondial Relay pour se maintenir à flot. "Ce sont plusieurs petites activités qui font vivre les commerçants comme nous, explique Angélique. Dans des villages ruraux, on n'a rien. Nous, ça nous fait un chiffre d'affaires en négatif de 800 euros par mois en moyenne."

Angélique s'inquiète aussi pour la vie d'Arbonne-la-forêt. Dans ce village d'un millier d'habitants, les commerces ont du mal à rester ouverts. "Il y a un problème, c'est que les boutiques ne tiennent pas longtemps, explique Pierre, un client. C'est un vrai problème parce que ça oblige les gens à prendre la voiture pour aller à droite à gauche." Résultat, les habitants se mobilisent pour maintenir ce lieu de vie. Pierre a même lancé une pétition avec près de 530 signatures.

Selon Pierre, les casiers ne plaisent pas car ils ne sont pas pratiques et pas adaptés aux personnes âgées, celles qui n'ont pas d'ordinateurs ne peuvent pas imprimer les étiquettes colis. "C'est minimum 15 kilomètres à l'est pour aller à un locker, soit à l'ouest à Milly-la-Forêt où c'est 15 km aussi, explique l'habitant d'Arbonne-la-Forêt. D'autant plus qu'à chaque fois, il y a des horaires particuliers et des problèmes de parking. Ça fait à peu près 1 000 personnes de la région qui viennent ici. Donc c'est un vrai service au-delà du village."

De son côté, Mondial Relay assume vouloir centrer sa stratégie sur les casiers. L'entreprise les considère "adaptés aux nouveaux usages des Français". Elle en a déjà 7000 répartis sur tout le territoire.