Tendances : les bars cachés, un petit air de prohibition

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Article rédigé par France 2 - A. Girault-Carlier, J. Poirier, F. Blévis, B. de Saint-Jore - Édité par l’agence 6Médias
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Ils sont cachés derrière la façade d'un pressing ou d'une épicerie : les speakeasy. C'est un concept né lors de la prohibition aux États-Unis.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Un lavomatique en apparence ordinaire, en apparence seulement. Les touristes ne vont pas laver leur linge. Fausse machine et quelques marches plus haut : un vrai bar. Être caché, c'est ce qui fait tout le charme de l'établissement. "Pour ma copine qui ne connaît pas Paris et qui avait entendu parler de ces bars-là, c'était un petit peu une surprise, elle était étonnée. Tout à l'heure, elle me disait qu'elle pensait que c'était un escape game", a expliqué un client.

Des bars qui se situent dans des endroits insoupçonnés, comme derrière la fausse étagère d'une épicerie plus vraie que nature. Les établissements secrets fleurissent en France depuis une dizaine d'années. Inspirés des bars clandestins des années 1920, période de la prohibition aux États-Unis, où la consommation d'alcool était interdite dans les lieux publics. Dans un salon de coiffure barbier parisien par exemple, dans l'arrière-boutique, pas de stock de shampoings, mais un bar caché. Comme un voyage dans le temps, de la tenue des serveurs jusqu'à la décoration.

"Dès l'entrée, on marque ici le lieu avec une plaque qui était apposée sur les bars qui avaient été contrôlés et malheureusement fermés. Je vais vous montrer également d'autres petits objets qui sont liés à la prohibition. Vous voyez ici des magnifiques jumelles qui s'ouvrent et dans lesquelles on mettait de l'alcool. C'était il y a une centaine d'années et finalement, c'était hier et les gens aiment beaucoup cette période", a détaillé le confondateur du bar. Le bar fait le plein presque chaque soir "Vous avez ce côté un peu interdit. On rentre dans quelque chose qu'on n'a pas le droit. Et ça donne un petit peu ce côté un peu illégal", a expliqué un client.

Pour les établissements, c'est surtout la possibilité de booster leur chiffre d'affaires. À Bordeaux (Gironde), un restaurant a ouvert un bar secret à l'étage il y a deux ans. Les clientes ont récupéré le mot de passe pour entrer sur les réseaux sociaux. À l'origine, il y avait un appartement privé que les propriétaires ont transformé en boudoir. Six tables seulement et le sentiment d'être un client privilégié. "C'est rigolo plutôt que de passer devant un bar et de s'arrêter. Là, au moins, ça fait une petite enquête, on va dire", a affirmé une des clientes. "Au moins, on n'est pas dérangés par les autres, on ne dérange pas les autres. Et puis, on peut parler entre nous, mais sans être chez nous. Ça, c'est cool", a ajouté une de ses amies.

Une affaire rentable pour l'établissement car la clientèle consomme deux fois. Une personne sur trois vient au bar avant ou après le restaurant. "On m'a proposé en bas de venir dans le frou-frou. C'est très sympa entre copines", a raconté une cliente. Le bar mise surtout sur ses cocktails : 15 euros en moyenne. "On ne fait vraiment que des cocktails sur mesure. Que ce soit alcoolisés ou non alcoolisés, il n'y a aucune différenciation puisqu'on fait pas mal de préparations maison", a expliqué une serveuse.

Difficile de recenser tous les bars cachés en France puisqu'ils sont, par définition, discrets. Selon nos estimations, il y en aurait près d'une trentaine, trois fois plus qu'il y a dix ans.

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