Drôme : à Pont-de-Barret, un covoiturage d'un nouveau genre

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 6min
Article rédigé par France 2 - V. Heurtel, L. Chavy, J. Weyl, J.-M. Perroux. Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Depuis quatre ans, une trentaine d'habitants de Pont-de-Barret (Drôme) se partage un seul et même véhicule. De quoi faire des économies et donner un coup de pouce à l'environnement, à condition d'être bien organisés.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.



Lundi 6 octobre, dans sa chronique "Une idée pour la France", Valérie Heurtel nous emmène près de Vaison-la-Romaine (Vaucluse), dans un village où l'on pratique le covoiturage comme on ne l’a sans doute jamais vu.

Elle est devenue la mascotte du village. À Pont-de-Barret, dans la Drôme, tout le monde peut conduire la vieille Citroën ZX. Mardi, 9 heures, c’est Diane qui emprunte la voiture. Ce matin-là, elle nous emmène à la ferme. Cette auto, elle s'en sert plusieurs fois par semaine pour aller au travail. "Je ne suis qu'en vélo électrique, donc quand j'ai des petits trajets de 15-20 minutes il n'y a aucun problème. Mais, si dans ma journée je dois conjuguer le travail et des réunions, je viens chercher la voiture", explique-t-elle. Diane est ouvrière agricole dans plusieurs fermes de la région. Avec son petit salaire, elle n’avait pas envie d’investir dans une voiture neuve : "On se partage les frais, donc c'est forcément une bonne chose. Et écologiquement, c'est le fait qu'il n’y ait pas juste une vieille voiture qui pollue pour une seule personne."

Mais alors, une voiture pour 30, comment s'organiser ? Les clés, par exemple, sont au bar-tabac du village, ouvert tous les jours de 7 heures à 22 heures. C'est Pomme, la patronne, qui les garde précieusement derrière son comptoir : "Ce n'est pas banal, mais c'est l'esprit du village qui est sur l'entraide, la solidarité et dans un climat de confiance entre les gens. Moi, ça me plaît et je suis assez fière de cette initiative."

Un carnet pour tenir les comptes

Cette voiture partagée, c'est Xavier qui en a eu l'idée. Il y a quatre ans, il a convaincu un habitant de mettre à disposition son véhicule inutilisé. "Quasiment toutes les familles ont deux voitures, voire plus, et on s'est dit quand même que ça faisait beaucoup de matériel qui, souvent, dormait toute la semaine ou plus devant les maisons", indique-t-il. Alors, il a décidé de mettre le véhicule à son nom, l'assurance aussi, mais en contrepartie, chaque utilisateur participe financièrement à l'entretien et aux révisions. "La voiture, elle coûte 25 centimes du kilomètre", révèle Xavier.

Les distances et les pleins d'essence sont ensuite rapportés dans un petit carnet que chacun doit remplir après chaque trajet. "J'ai roulé tant de kilomètres, ça coûte tant d'argent. Quand je mets un peu d'essence, ça me fait une sorte d'avance sur ma somme, et ça ne va pas plus loin", détaille-t-il.

Et avec 10 000 kilomètres par an, elle n'a pas le temps de refroidir. À 17 heures, Xavier donne les clés à Jules, qui doit faire des courses. Pour cette sortie, il a réservé la voiture sur une application. Les habitants y ont créé un groupe de discussion via leur téléphone. Ce dispositif lui a permis de créer du lien : "Il y a des personnes avec qui on est amis et on partage la voiture en plus, et il y a des personnes qu'on connaît peut-être moins ou avec qui on ne s'est pas spécialement lié d'amitié, et ça nous permet de nous rencontrer".

L'expérience a aussi été adoptée dans les villages voisins. À Crets par exemple, 40 automobilistes se partagent sept véhicules. De quoi donner des idées aux autres.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.