"J'ai vraiment l'impression de gérer une cour d'école" : face aux incivilités dans les avions, comment l’équipage peut-il réagir ?
Une hausse des incivilités est observée à bord des avions en plein vol. Le personnel navigant a-t-il les moyens d’y répondre, et jusqu’où peut-il agir en cas d’urgence ?
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
Des échanges de coups entre passagers, un homme ivre devenu incontrôlable et des bagarres collectives. Quelle que soit la compagnie, les incivilités en plein vol décollent. À croire que les turbulences peuvent survenir désormais des deux côtés du hublot.
Au sol ou à haute altitude, ce sont des situations si récurrentes qu'elles ont gagné leur surnom : les PAXI pour passagers indisciplinés. Dernier cas recensé et filmé, survenu fin septembre à Toulouse, des gendarmes français obligés d'expulser, usant parfois de la force, six Britanniques éméchés d'un vol low-cost.
La cigarette et l'alcool comme origine de l'indiscipline
Des scènes très fréquentes, selon ce chef de cabine d'une compagnie aérienne française. "Ça, c'est le genre de scénario cauchemar, on va dire (...). Avant Covid, c'était quand même des cas assez isolés. Et maintenant, depuis cette période, on va dire que les gens se supportent un peu moins les uns les autres. Des fois, j'ai vraiment l'impression de gérer une cour d'école, donc ça, c'est quelque chose qui est nouveau et qui est pesant aussi pour la santé mentale des équipages. On arrive au boulot avec un peu la boule au ventre", avoue Jefferson Hollemaert, chef de cabine chez French Bee et syndicat national des PNC.
Depuis quatre ans en France, le nombre de passagers indisciplinés est en augmentation. Au total, 1 781 ont été comptabilisés en 2024. Parmi eux, trois motifs sont le plus souvent à l'origine de l'altercation : la volonté de fumer une cigarette, la consommation d'alcool ou le non-respect des consignes de sécurité.
Des menottes et des sangles pour gérer les personnes violentes
Pour anticiper, tous les équipages, quel que soit leur âge, s'entraînent aux cas les plus difficiles. Dans un simulateur en banlieue parisienne, de futures hôtesses de l'air et stewards apprennent à gérer, par exemple, un voyageur alcoolisé. Pour les aider, le même matériel d'urgence qu'ils auront une fois en vol : des menottes ou des sangles de sécurité. L'atelier est supervisé par un ancien policier, aujourd'hui pilote de ligne. La plupart des stagiaires sont confrontés pour la première fois à ces situations mises en scène, inspirées de faits réels, mais violentes.
"C'est vraiment impressionnant, en fait. Quand on veut faire ce métier, on ne s'attend pas à devoir gérer des personnes qui sont en crise comme ça ou qui sont prêtes à nous attaquer. Ça me motive encore plus pour montrer qu'on est là aussi pour la sécurité et pas que pour servir des boissons et des repas", exprime MargauxTrambolho, stagiaire chez Mermoz Acadamy.
"Le cas extrême, c'est le déroutement d'avions et puis la police à arrivée de manière à ce que la personne soit embarquée et interpellée", indique Jean-Paul Goussard, pilote de ligne et formateur. Dérouter un avion pour débarquer des voyageurs devenus ingérables, comme ici à Paris l'année dernière.
De lourdes conséquences pour les compagnies aériennes
Des atterrissages d'urgence qui auraient pour les compagnies d'importantes conséquences économiques. "Pour la compagnie aérienne, il y a des coûts qui sont directement liés au fait de se poser. Il y a des taxes d'atterrissage, il y a l'essence, le carburant supplémentaire, et puis il y a éventuellement les passagers du vol du soir. Si vous avez 150 passagers qui vont devoir annuler leur vol ou pour lesquels il va falloir assurer de la nourriture, de l'eau, voire des logements, évidemment c'est quelque chose qui coûte parfois des dizaines de millions d'euros aux compagnies aériennes", détaille Xavier Tytelman, expert en aéronautique.
Pour tenter de limiter les coûts et les désagréments, la compagnie irlandaise Ryanair a proposé d'instaurer une limite de deux boissons alcoolisées par passager dans les aéroports avant d'embarquer. Les autorités européennes n'ont pas encore statué.
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