Le GPS, un incontournable du quotidien des Français, entraîne une perte du sens de l'orientation

Publié
Temps de lecture : 3min - vidéo : 3min
Article rédigé par France 2 - F. Mavic, G. Le Goff, L. Hauville - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Le GPS a révolutionné la manière de se déplacer pour de nombreux Français. Mais ce système d’assistance à la navigation a des conséquences sur notre cerveau. Selon une étude, il affecte le sens de l’orientation.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité


Sur une aire de repos, pause-café pour les uns, plein d'essence pour les autres. Et au moment de reprendre la route, le même réflexe chez la plupart des conducteurs : réactiver le GPS. "Le GPS, c'est très simple, c'est mon meilleur ami. Quand je monte dans la voiture, la première chose que je fais, c'est que je mets mon GPS, même pour des destinations que je connais par cœur", assure un conducteur. "Si je n'ai pas mon petit GPS, Google Maps, je ne pars pas", confie un autre automobiliste. Mais s'en remettre aveuglément son chemin au GPS, c'est parfois avoir la sensation de mettre son cerveau sur pause. "On est trop focalisé sur notre écran, et cela nous empêche, je pense, d'observer des points remarquables, de les mémoriser", reconnaît un homme.

Le GPS affecte le sens de l'orientation

Obéir aux directives d'un système de navigation affecterait notre sens de l'orientation. C'est en tout cas la conclusion de très sérieuses études scientifiques. L'usage systématique du GPS parasiterait certaines fonctions de notre cerveau. "Notre cerveau utilise deux systèmes de navigation. Le premier système est un système qui va par exemple vous dire : 'Prenez à droite, allez tout droit au rond-point, tournez à l'église.' C'est le système de navigation typique du GPS. L'autre système, qui est beaucoup plus global, est un système qui va utiliser la cartographie. Vous créez une carte mentale de l'endroit où vous êtes, où vous voulez aller, et du circuit que vous allez faire entre les deux. Alors évidemment, plus on utilise le système du GPS, moins on entretient sa mémoire, son sens de l'orientation et sa cartographie", explique le Dr Damien Mascret, médecin et journaliste pour France Télévisions.

En complément de la carte routière

Cultiver son sens de l'orientation naturelle, Tarek Omar, un chauffeur de taxi parisien y tient, au grand étonnement de ses clients. "Pas besoin de GPS. Et quelquefois, on ressent une certaine fierté", confie-t-il. Pour Tarek Omar, le GPS est un copilote utile mais qui amoindrit l'autonomie des chauffeurs : "La base même du taxi, c'était d'avoir un maximum de connaissances, de connaître Paris comme sa poche. Il n'y a pas si longtemps que ça, il fallait connaître à peu près 600 rues par cœur, une cinquantaine d'itinéraires. Là, maintenant, l'accès à la profession a été simplifié."

Et si la liberté ultime d'un conducteur, c'était de renouer avec la bonne vieille carte routière ? C'est l'avis de Philippe Sablayrolles, directeur de la cartographie Michelin y tient. C'est un utilisateur du GPS, mais seulement en complément de ses cartes. "Le GPS vous donne une indication, donc il parle à votre oreille. La carte, elle, vous oblige à réfléchir, à construire votre trajet. Donc elle s'adresse à votre cerveau. Elle vous donne des réflexes d'orientation", explique-t-il. Autoroutes ou petits chemins de campagne, plus d'un million de kilomètres de routes sillonnent la France. GPS ou carte routière, à vous de voir comment gagner le Sud... sans perdre le Nord.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.