Héritage : quand la succession devient un champ de bataille
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En France, la succession est souvent un sujet sensible qui, dans un cas sur dix, vire au conflit.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Dans les albums de famille de Véronique Duquenne, une large place est consacrée à la maison de Provence où elle a grandi. "Ça, c'est chez mes parents quand on était petits. Ça, c'était le cabanon où nous jouions quand on était gamins. C'était un peu notre salle de jeu", confie-t-elle en feuilletant ses photos.
Soixante ans plus tard, les terrains de jeu de l'enfance sont devenus des sujets de conflit entre la retraitée et ses trois frères et sœurs. À la mort de leur mère, il y a trois ans, ils n'ont pas réussi à s'accorder sur le prix de vente d'une parcelle attenante à la maison familiale. Les liens, déjà fragiles, se sont alors définitivement rompus.
"Ça a tout fait exploser. Et après, silence radio, plus aucune nouvelle, plus rien. On s'est quittés comme ça, presque comme deux personnes qui viennent de divorcer devant le tribunal", raconte Véronique, peinée par la situation.
Des sociétés spécialisées dans les héritages bloqués
Sans solution, Véronique Duquenne a fait appel à une société spécialisée dans la gestion des successions compliquées. Deux conseillers financiers se sont déplacés et affirment pouvoir convaincre les autres héritiers de vendre le terrain.
Mais ce soutien a un prix. Véronique a dû leur céder sa part de l’héritage à moitié prix. Estimée à 30 000 euros, elle a été vendue pour seulement 15 000 euros. Les conseillers sont ainsi devenus propriétaires d’une partie du terrain familial, pour une somme largement inférieure à sa valeur. Des méthodes parfois mal vécues par les familles, reconnaît Morgane Selwa, conseillère chez Top indivision : "La plupart du temps, ça se passe bien. Mais parfois, je me suis déjà fait menacer. On a voulu me frapper. Ça reste un métier à risque."
Chaque année en France, plus de 400 000 successions sont réalisées, et environ une sur dix pose problème selon les notaires. Les conflits liés aux héritages ne concernent pas seulement les familles modestes : ceux d’Alain Delon, Johnny Hallyday ou encore Pierre Cardin ont fait la une des journaux. "Généralement, c'est là où toutes les tensions de l'enfance explosent", confie un passant interrogé. Un autre ajoute : "Ça met à l'épreuve les familles. C'est un moment important pour se poser les vraies questions sur ce qui a vraiment de la valeur."
Quand le silence bloque tout
Témoin direct de ces moments de tension, maître Olivier Pontnau, notaire, raconte que certaines successions peuvent durer des années. Dans les cas extrêmes, il lui est même arrivé d’organiser un tirage au sort dans son bureau pour partager un bien : "Ça peut concerner des biens immobiliers, toutes sortes de choses. C’est très difficile. Et personnellement, j’ai toujours refusé d’être la main qui piochait dans l’urne pour déterminer qui héritait de quoi."
Avec vingt ans d’expérience, il a aussi appris qu’il n’y a pas que la colère qui détruit les familles. "Le silence peut avoir des effets aussi dévastateurs qu'un conflit ouvert entre des héritiers", explique-t-il.
Il se souvient d’un grand appartement resté inoccupé pendant six ans, parce qu’un héritier refusait délibérément de répondre aux convocations du notaire, paralysant ainsi toute décision. "On se retrouve dans un piège financier : pas de ressources, et impossibilité de vendre le bien", ajoute maître Pontnau.
Finalement, l’appartement a dû être vendu à la barre du tribunal, avec une perte d’au moins 200 000 euros par rapport à sa valeur initiale.
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